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que cette maladie attaque plutôt les blés semés clair, que ceux dont les tiges sont très-rapprochées.

5°. La grosseur et la dureté de la paille. Les tiges du blé planté s’élevant par une végétation vigoureuse, acquièrent une grosseur peu ordinaire, et une consistance plus solide que celle du blé semé ; les bestiaux la dédaignent, comme plus dure et moins succulente, et elle n’est guères propre qu’à la litière ; ce qui est une perle pour le laboureur.

6°. Enfin, la nature du sol. Dans les cantons de l’Angleterre où la pratique du plantage a lieu, les cultivateurs conviennent qu’elle ne peut s’appliquer qu’aux terres légères, et encore la restreignent-ils à l’espèce de terres légères, dont leur pays est généralement composé, c’est-à-dire, au sable argileux. Cette opération me paroît difficile dans d’autres terrains, et impossible dans quelques uns. Si un sol sablonneux n’a point de consistance, ou s’il est trop léger et friable, les trous formés par les dents du plantoir se rempliront aussitôt qu’ils seront faits. Si la terre est compacte, il faudra employer beaucoup de force pour y enfoncer le plantoir ; si les pierres couvrent sa superficie, comme cela se voit en plusieurs contrées qui ne laissent pas néanmoins de produire du beau blé, cet instrument ne peut servir. Le plantage devient extrêmement incommode sur toutes sortes de terrains que l’humidité a pénétrés, ce qui arrive fréquemment en automne ; la terre s’attache aux dents du plantoir, et l’ouvrier est obligé de perdre du temps à les nettoyer ; si la terre est tenace, il se verra forcé de renoncer à son travail. Que conclure de ces observations ? c’est que le plantage du blé, quoique présentant des avantages incontestables, entraîne, généralement parlant, encore plus d’inconvéniens ; qu’il ne peut être admis que très-difficilement dans de grandes exploitations et qu’il ne doit être recommandé que dans un concours assez rare de circonstances favorables ; qu’enfin ce ne sera jamais une opération très répandue dans notre agriculture, de même qu’elle est fort circonscrite en Angleterre, où elle a pris son origine. (S.)


BLÉ DE VACHE, (melampyrum arvense.) Des observations sans doute postérieures à l’époque à laquelle les auteurs de la première partie de cet ouvrage ont rédigé cet article, ont suffisamment appris que le blé de vache, connu sous les noms de mélampyre des champs, queue de renard, queue de loup, rougeole, rougette, herbe-rouge, rouge-herbe, cornette, mahon, étoit une plante très-nuisibles à la culture des céréales, en ce sens que, croissant dans les champs, et que ses semences se trouvant souvent mêlées au grain, et portées au moulin avec lui, la farine qui provient de ce mélange fournit un pain de couleur noire ou rougeâtre, et d’une saveur plus ou moins amère, selon que le mélampyre y domine. C’est donc une plante nuisible ; le moyen le plus sûr d’en garantir les blés, seroit d’ôter les semences qui se trouvent mêlées au grain qu’on destine à l’ensemencement ; et si, malgré ce soin, cette mauvaise herbe naissoit encore, il faudroit l’arracher avant qu’elle fût en fleur, selon l’usage pratique dans plusieurs parties de la France.

On a proposé de la cultiver, comme plante fourrageuse, dans les mauvais sols, où elle croît toujours très-bien : considérée sous ce point de vue, elle seroit avantageuse comme fourrage vert, parce que les animaux la recherchent et la mangent avec avidité ; mais comme elle ne croît nulle part où ne prospère le sainfoin, et que celui-ci produit plus, et a d’ailleurs l’avantage d’être vivace, il doit être préféré au mélampyre, qu’il faudroit toujours, même en en faisant une prairie artificielle, redouter comme un mauvais voisin qui pourroit nuire aux champs d’alentour. (Tollard aîné.)