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leur tige sera dans une proportion plus convenable avec leur grosseur.

3°. Il faut trois siècles pour pouvoir jouir d’une vieille futaie ordinaire, et, en deux cent vingt-cinq ans, les quatre éclaircissemens et la coupe définitive de nos futaies procureront cinq jouissances. Il pourra même arriver que, dans quelques localités, le seul produit des quatre éclaircissemens aura plus de valeur que celui d’une vieille futaie ordinaire.

4°. Dans nos futaies éclaircies, le produit définitif de la coupe est assuré, puisqu’il est le résultat des réserves les plus avantageuses que l’on aura faîtes à chaque éclaircissement ; tandis que, dans les futaies non éclaircies, leur produit dépendra de l’existence incertaine des essences qui pourront survivre aux trois siècles de leur aménagement.

5°. Enfin, tout ce qui est perdu en matières dans les futaies pleines abandonnées à la nature, par la destruction successive des bois et des arbres, est en augmentation de revenu dans nos futaies éclaircies.

Nous aurions désiré pouvoir garantir ces dernières de la nécessité de les replanter après leur coupe ; mais la nature s’y oppose, et il faut en subir la loi comme pour les vieilles futaies non éclaircies.

Section VI. Prix de la feuille des bois dans les aménagemens proposés, comparé avec celui qu’on en retire dans les amënagemens actuels. Nous terminerons ce travail par le tableau des prix de la feuille des bois dans les différens aménagemens que nous venons de proposer. La comparaison de ces prix avec ceux qui résultent des prix de la vente des bois nationaux, fera ressortir avec la plus grande évidence les avantages de nos aménagemens sur ceux actuellement adoptés.

Ces prix ont été calculés sur ceux des différentes espèces de bois du commerce en 1788, au maximum et au minimum de leur valeur en France ; et il résulte des produits en matières de toute espèce, que les bois des différentes classes doivent donner dans leurs différens aménagemens.

Ce tableau n’est, d’ailleurs, que le résumé des différentes estimations modérées que nous avons faites, sans futaies et avec futaies sur taillis, afin de convaincre matériellement les détracteurs de cette manière d’administrer les bois de la plus-value considérable que les futaies procurent au prix de la feuille de ces taillis.

Quant à ces expressions de feuilles d’un bois, de prix de la feuille d’un bois, voici ce qu’elles signifient.

Les forestiers entendent par feuilles d’un bois, le nombre d’années qui s’est écoulé depuis la dernière coupe. Ainsi, ils disent indifféremment d’un bois coupé il y a dix ans, que son taillis a dix ans ou qu’il est à sa dixième feuille ; et par le prix de la feuille d’un bois, ils entendent le revenu d’un arpent de ce bois : il se trouve, en divisant le prix que chaque arpent a été vendu à sa dernière coupe, par le nombre d’années de son aménagement. Ainsi, si l’on suppose un bois vendu 400 francs l’arpent, à vingt ans, ce prix lui donnera un revenu fictif de 20 francs, et, à sa feuille, une valeur réelle de 20 francs.