Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/359

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plantation est de peu de valeur, le propriétaire ne peut pas mieux placer son argent ; car à la première coupe, il sera remboursé de sa dépense et de l’intérêt de son argent, et sa terre se trouvera garnie pour l’avenir. J’ai vu de ces plantations, faites sur des terrains dont l’acre n’auroit pas été loué un schelling par année, et qui ont produit dix à douze livres sterling par acre chaque douzième année, déduction faite de la dépense qu’exige la coupe. »

Le bouleau qui croît presque exclusivement à tout autre arbre, dans les régions glacées, telles que le Groenland et l’Islande, jouit d’un très-grand nombre de propriétés économiques qui peuvent être avantageuses aux habitans de nos campagnes.

Les familles de Lapons nomades que nous avons vues en Norwège, à l’est de Drontheim, construisent leurs cabanes avec les tiges de bouleau ; ses branches répandues sur le sol, et recouvertes de peaux de rennes, leur servent de siège durant le jour, et de lit pendant la nuit. Ils emploient indistinctement le sapin ou le bouleau pour faire les vases dans lesquels ils conservent le lait, le beurre, l’eau, ou ceux qui leur servent au tannage des peaux. Ils font encore, avec le bois de bouleau, des brosses, des gobelets, des cuillers, des assiettes, des coffres et autres meubles à leur usage ; ils enlèvent l’écorce de l’arbre, et ils en forment des provisions, soit pour allumer journellement le feu, soit pour faire des ceintures ornées avec des plaques de métal ; des souliers, des paniers, des nattes, des cordes, et des boites dont ils réunissent les différentes pièces avec du fil d’étain. Tous ces produits du loisir et de la patience sont ordinairement exécutés avec plus d’adresse que de goût.

L’art que les Lapons possèdent le mieux, et celui qu’ils ont porté à sa perfection, est l’art de tanner les peaux. Comme le chêne et les autres arbres qui nous donnent une écorce propre au tannage, ne croissent pas dans le Nord, les Lapons emploient l’écorce du bouleau au même usage ; ils la coupent par petits morceaux, et ils la mettent dans un chaudron avec de l’eau ; lorsqu’ils peuvent avoir du sel, ils en ajoutent une poignée par chaque peau de renne qu’ils se proposent de tanner. Après avoir laissé macérer ces substances durant quarante-huit heures, ils les font bouillir pendant une demi-heure, et ils versent une partie de l’infusion qu’ils ont obtenue sur les peaux, en les frottant avec force ; ils les plongent ensuite dans l’infusion qui doit être tiède, et ils les laissent dans cet état pendant deux ou trois jours ; après quoi ils font tiédir de nouveau la liqueur, et ils y laissent les peaux le même espace de temps. Ils les font ensuite sécher au grand air, ou auprès du feu, dans leurs cabanes.

La peau de renne, ainsi préparée, a une couleur roussâtre ; elle est très-souple, dure long-temps, et se laisse difficilement pénétrer par l’eau.

Les paysans de la Norwège, qui préparent eux-mêmes le cuir dont ils se servent pour les usages domestiques, emploient également l’écorce du bouleau pour cette préparation ; ils en font aussi une décoction avec laquelle ils teignent en brun leurs filets ; ce qui leur donne plus de consistance et une plus longue durée.

Les feuilles et les jeunes branches du bouleau offrent une nourriture abondante aux troupeaux des Lapons ; ceux-ci ne font aucune provision de fourrages pour la mauvaise saison, soit par imprévoyance, ou plutôt à cause que leur vie errante s’oppose à tout soin de ce genre ; tandis que les cultivateurs norvégiens ou suédois ramassent les branches du bouleau pour affourrager, pendant l’hiver, leurs vaches et leurs moutons.

On nourrit aussi la volaille, dans quelques parties du Nord, avec les jeunes