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feuilles du bouleau ; on les conserve, après les avoir fait sécher dans des fours ou dans des étuves ; et on les donne aux poules, aux oies et aux canards, en les mélangeant avec d’autres nourritures. Il nous seroit aussi facile qu’avantageux d’employer au même usage une grande quantité de plantes que nous laissons perdre habituellement.

Les Finlandais récoltent les feuilles de bouleau pour faire une infusion qu’ils prennent à défaut de thé. Les paysans suédois et norvégiens font des paniers avec ses racines, et des torches avec des bandes d’écorce qu’ils roulent les unes sur les autres ; leurs femmes savent extraire de cette même écorce une substance insoluble dans l’eau, dont elles se servent pour enduire les fentes des pots de terre. Elles torréfient légèrement écorce, et elles en obtiennent la substance par la mastication. Cette écorce presque incorruptible, imperméable à l’eau, et même à l’humidité, est employée avec avantage pour différens usages économiques. On s’en sert pour couvrir les maisons dans la Norwège et dans le nord de la Suède ; on en forme les toits en planchers, sur lesquels on pose des écorces de bouleau qu’on recouvre avec des gazons très-épais : ces toits durent long-temps ; ils rendent les habitations saines et pittoresques.

Lorsqu’on pose en terre des pièces de bois pour la construction des maisons, ou qu’on enfonce des pieux pour former un enclos, on entoure avec l’écorce du bouleau la partie du bois qui doit rester en terre ; cette enveloppe la garantit de l’humidité, et sert aussi à prolonger la durée de ces sortes de constructions.

L’écorce de bouleau, mince et flexible, offre aux habitans des campagnes une matière très-propre à faire des semelles de souliers ; aussi l’usage en est-il général dans quelques parties de la Suède et de la Norwège. On coud plusieurs plaques d’écorces entre deux semelles de cuir, et l’on a ainsi des souliers moins coûteux, plus chauds, et moins sujets à l’humidité que les souliers ordinaires. Un voyageur rapporte que certains peuples du Nord, et sur-tout les habitans du Kamtschatka, se servent de l’écorce du bouleau comme d’une substance alimentaire ; ces peuples, moins délicats que les nations civilisées de l’Europe, coupent cette écorce en petits morceaux, et ils la mangent après l’avoir mêlée avec des œufs de poissons. L’écorce de sapin triturée, et mêlée avec la farine d’avoine, sert également à appaiser la faim des paysans norvégiens, lorsque la récolte ne peut suffire à leurs besoins journaliers.

Les habitans des campagnes, en Suède et en Norwège, qui sont industrieux, et qui d’ailleurs peuvent difficilement se procurer les objets nécessaires à leur consommation, exercent dans leurs ménages différentes espèces d’arts. Les femmes emploient l’écorce de bouleau, pour donner à la toile une teinte roussâtre, et elles se servent des feuilles pour teindre la laine en jaune.

Le bois de bouleau qui croît promptement, et qui acquiert une plus grande dureté dans les pays du Nord que dans ceux du Midi, est propre à plusieurs ouvrages et s’emploie dans différens arts, tels que ceux du tourneur, du tabletier, du menuisier, du charron et du tonnelier ; on en fait toutes sortes d’instrumens aratoires, des cercles de roue d’une seule pièce, des échelles, des balais, et des cerceaux qui résistent mieux à l’humidité que ceux de bois de châtaignier.

Ce bois est très-propre au chauffage, et il est sur-tout employé pour les fours et pour les poêles suédois, où il faut une combustion vive et un brasier durable. Il produit une assez grande quan-