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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/380

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de chien, on doit absolument être seconde d’une bonne chanterelle, parce que l’oiseau, qui ne répond plus alors à l’appeau, est toujours attiré par la voix de ceux de son espèce ; et, lorsqu’une caille y répond, deux hommes, déployant le filet, et le tenant un peu élevé, attendent son approche pour la couvrir. Lorsque l’on possède un bon chien couchant, et que les cailles, plus grasses après la moisson, sont plus paresseuses à partir, c’est le temps de les aller quêter par les champs. La chasse en est plus fatigante, mais aussi plus récréative, et plus fructueuse. Un temps calme et doux est aussi préférable : alors, les cailles tiennent davantage ; au lieu que, par le vent, et sur-tout par les vents de mer, peu de chose suffit pour les faire lever. Quand on voit que le chien a formé un arrêt, deux hommes, se plaçant devant lui, et à quelque distance, déploient la tirasse dans toute sa longueur, au moyen de deux cordeaux attachés à deux coins opposés ; et, traînant ce filet, qui s’étend derrière eux, ils avancent jusqu’à en couvrir le chien. Alors, on excite à partir le gibier qu’on présume être sous le filet, et on s’en empare avant qu’il ait pu se glisser par dessous. J’ai vu des cailles assez en garde contre le danger qui les menace alors, pour rester blotties, avec une obstination qui réussissoit à tromper de vieux chasseurs, et attendre, pour partir, que l’on relevât le filet. La sûreté du chien que l’on emploie, et sa constance à tenir son arrêt, servent à rendre inutile cette ruse du gibier. Bien que cette chasse exige communément le service de deux personnes, un homme seul peut cependant s’y livrer, au moyen d’un bâton ferré qu’il porte avec lui. Quand il voit son chien en arrêt, il plante ce bâton en terre, soit à la droite, soit à la gauche de la tête de l’animal, mais toujours à une distance égale à environ moitié de la longueur de son filet. Après avoir attaché un des coins du filet à ce bâton, il s’en écarte, tenant le coin opposé, et longeant la place vers laquelle le chien dirige son attention : quand la tirasse est déployée dans toute sa longueur, il la ramène vers le chien, jusqu’à ce que le bâton, l’animal, et le chasseur, se trouvent à peu près sur la même ligne. Il y a encore, pour un homme seul, la tirasse triangulaire, qu’on emploie comme la précédente, lorsque le chien forme arrêt, à l’aide d’un bâton ferré auquel on attache un des coins du triangle : mais le chasseur, dans ce cas, portant sur son bras le reste du filet, passe droit devant le nez du chien, et met sous son pied l’angle opposé à celui que retient le bâton. Le troisième angle, alors, reste dans sa main ; et, comme cette extrémité du filet est garnie d’une pierre, ou d’un poids quelconque, il la jette dans la direction convenable, qui doit être à peu près le vis-à-vis de la tête du chien : par-là, le filet se trouve déployé selon ses trois angles ; et, si l’arrêt a été bien formé, il y a espérance de ne l’avoir pas déployé en vain ; mais cette tirasse, couvrant bien moins de terrain que l’autre, est aussi d’un service bien, moins sûr.

Lorsqu’on se sert de ces mêmes nappes pour chasser aux cailles vertes, c’est-à-dire, à leur arrivée, alors le chien devient inutile ; il occasionneroit beaucoup de dégâts dans les jeunes blés : d’ailleurs, les cailles, obéissant au sentiment de vie et d’ardeur que leur commande la nature, sont dans une activité remuante qui les rend difficiles à arrêter. Le chasseur, à cette époque, n’est point obligé de courir après elles ; il lui suffit de s’armer de l’instinct qui les guide, pour les amener à se jeter elles-mêmes sous ses filets. Ainsi, une tirasse étendue légèrement sur les blés ou les luzernes, et un homme caché par un buisson ou blotti contre-terre, et faisant jouer avec intelligence le perfide