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l’huile de lin, du lin et du chanvre en masse, filés ou ouvragés, que peuvent fournir nos fabriques nationales. Les végétaux propres à donner de l’huile ont bien trouvé quelques écrivains ; mais il est honteux que nous ne possédions pas encore de traité complet sur ceux qui donnent de la filasse, quand on en a tant composé pour des plantes dont les avantages sont au moins problématiques.
(Parmentier.)


CAMOMILLE ROMAINE. Cette plante, déjà décrite par Rozier, est devenue d’un si grand usage en médecine, qu’elle convie maintenant des terrains d’une certaine étendue, même au nord de la France ; nous croyons donc que les procédés employés pour sa culture, sa dessiccation, et sa conservation, méritent d’être plus généralement connus.

La camomille romaine est vivace, basse, traînante, originaire des pays chauds ; elle se multiplie, au printemps, par marcottes enracinées, ce qui a lieu en paratageant le plant de l’année précédente ; on place une seule marcotte au cordeau, à un pied est le demi de distance, et on choisit pour la plantation un temps un peu humide ; mais, pour éviter les dégâts que pourroient occasionner les ouvriers lors de la récolte, il faut avoir la précaution de tenir chaque sentier éloigné au moins de trois pieds l’un de l’autre, parce que les tiges, presque couchées, s’étendent considérablement.

Les principaux soins qu’exige cette culture sont des sarclages qu’il faut répéter jusqu’à ce que la plante soit parvenue à étouffer les plantes parasites. On peut, au dernier sarclage, buter légèrement chaque pied que l’on relève ; par ce moyen les fleurs ne penchent point à terre.

En plantant la camomille de bonne heure, c’est-à-dire au commencement de mars, la récolte peut s’en faire dès les-premiers jours de juin, et se continuer jusque dans le mois de septembre. On remarque que les premières fleurs sont semi-doubles, c’est-à-dire composées en grande partie de fleurons jaunes ; mais, à mesure qu’on approche du terme de la récolte, elles finissent par être tout à fait doubles, semblables, en quelque sorte, à cette fleur appelée vulgairement, par les jardiniers fleuristes, boutons d’argent, qui n’est autre chose qu’une renoncule double, à fleurs blanches, dans lesquelles on n’aperçoit plus de fleurons jaunes. Cette différence ne pourroit-elle pas être attribuée à ce que la plante, étant déjà dépouillée d’une partie de ses fleurs, la sève nourricière se trouve portée par surabondance à celles qui se développent en suite ? Les étamines alors se convertissent en pétales.

Récolte et conservation des fleurs de camomille romaine. Le véritable moment de cueillir la camomille est assez difficile à saisir ; l’état de son épanouissement influe beaucoup sur la blancheur des fleurs. On a observé cependant qu’il valoit mieux quelquefois les rentrer aux trois quarts ouvertes, que de les laisser trop long-temps sur pied, sur-tout quand on craint un orage ; alors on est forcé d’augmenter le nombre des ouvriers ; car, pour en obtenir un millier pesant, dans l’espace d’un jour, il faut le concours de plus de cinquante individus.

Mais c’est sur-lout le point de maturité qu’il faut saisir, afin d’éviter que les fleurs ne perdent de leur couleur et ne roussissent à l’ardeur du soleil ; on remarque même dans les plantes qui sont restées trop long-lemps sur pied, que les pétales inférieurs commencent à devenir grisâtres, et que ce défaut gagne jusqu’au sommet, quand on les fait sécher trop lentement.

Il importe d’étendre les fleurs de camomille aussitôt qu’elles sont récoltées ; car, pour peu qu’on les laisse amoncelées, elles s’échauffent considérablement, et ne