Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/387

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tardent point à perdre de leur blancheur, et à changer d’odeur.

Pour dessécher la fleur de camomille, M. Descroisilles, correspondant de la Société d’Agriculture de Paris, qui cultive en grand cette plante aux portes de la ville de Dieppe, suit une méthode qui m’a paru devoir, être publiée : elle consiste à exposer à toute l’ardeur du soleil cette fleur sur des châssis revêtus en toile, et à la surface desquels on a collé du papier gris, et à faire en sorte que les couches soient très-minces, afin de multiplier les surfaces, et qu’il ne s’établisse pas de fermentation intestine.

Quand la dessiccation est complète, il faut s’occuper de la conservation ; le mieux seroit peut-être de comprimer les fleurs dans des barils garnis intérieurement de papier bien collé, qu’il est nécessaire de placer dans un lieu sec, frais et obscur ; car la lumière les colore, quoiqu’elles soient parfaitement séchées, et elles se moisissent facilement dans les endroits un peu humides.

On recherche beaucoup, dans le commerce, les fleurs de camomille romaine tout à fait doubles, à cause de leur plus grande blancheur ; mais, s’il est permis de le dire, c’est un luxe médical qu’on ne peut guères obtenir qu’au préjudice de leur vertu ; car, si on les distille chacune séparément, on observe qu’elles donnent moins d’huile essentielle que les jaunâtres ou semi-doubles. Les droguistes de Paris et des autres villes de France tirent encore aujourd’hui une grande partie des fleurs de camomille, qu’ils débitent, de la Suisse et de l’Italie ; nous pouvons leur assurer qu’elles ne sont pas comparables, pour l’odeur et la couleur, à celles que cultive M. Descroisilles ; nous avons été témoins de tous les soins qu’il prend pour cette culture, et il mérite d’autant plus d’intérêt et d’encouragement, qu’il fait vivre, par ce moyen, beaucoup de femmes et d’enfans, et que la plante qui en est l’objet a une efficacité reconnue. Un des avantages de la culture de la camomille en plein champ est de n’être pas attaquée par les moutons et par les autres bestiaux, vraisemblablement à cause de son odeur pénétrante et de l’excessive amertume de toute la plante.

De toutes les plantes qui portent le nom de camomille, il n’y a que celle-ci dont les fleurs soient usitées intérieurement ; on en prend l’infusion, comme du thé, lorsqu’il s’agit de rétablir l’appétit, et d’appairer les coliques venteuses ; son odeur est forte, aromatique : elle contient l’acide gallique.

Une particularité qui distingue la camomille romaine de la camomille commune, c’est la couleur d’un bleu de saphir que contracte l’huile volatile qu’on en retire par la distillation à feu nu ; il n’est pas nécessaire, comme ou l’a avancé sans preuve, que la distillation ait lieu avec la térébenthine, pour avoir cette couleur bleue ; elle a lieu sans aucun intermède. Quelquefois cette couleur est jaunâtre, tirant tantôt sur le vert, et tantôt sur le bleu, comme l’huile essentielle de rue.

Mais cette huile, quelle que soit sa nuance, est toujours trop peu abondante pour pouvoir s’en servir en friction ; celle qu’on emploie eu embrocation sur le ventre, est toujours préparée par infusion dans l’huile d’olive, avec la camomille commune, ou non cultivée. (Parmentier.)


CANARD DOMESTIQUE, (Addition à l’article Canard du Cours, tome II, page 544,) Le silence de Rozier sur les différens moyens pratiqués pour engraisser cet oiseau, le plus facile à élever dans les lieux frais un peu aquatiques, et le commerce étendu qu’on en fait, semblent justifier la nécessité d’ajouter à cet article du Cours complet quelques observations rapides sur les avantages