Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/398

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localités favorables pour y disposer les collets. On y jette tout autour, pour amorce ordinaire, du blé cuit dans de l’eau commune ; et, comme il a été remarqué plus haut, il est bon de répandre cet appât plusieurs jours de suite avant d’avoir tendu ses collets. Pour que le blé soit plus aisément trouvé par les canards, on nettoie, s’il est possible, le fond de l’eau ; ou bien encore, on a la précaution d’en couvrir des tuiles enduites de glaise, et que l’on place sous l’ouverture du lacet. On peut faire de ces mêmes tuiles le support des collets, en les perçant à leur milieu d’un trou propre à recevoir quatre branches de fil de fer que l’on tord ensemble dans une partie de leur longueur, et dont on replie les quatre extrémités supérieures en croix, en les terminant tout au bout par un crochet, où l’on attache les lacets. Les extrémités inférieures forment sous la tuile un anneau, tant pour empêcher le fil de fer de sortir de place, que pour servir à passer une corde, au moyen de laquelle on enfile, à quelque distance l’un de l’autre, plusieurs de ces appareils. Ce dernier soin est indispensable pour arrêter les tuiles qu’un seul canard pris peut déranger en se débattant. Je crois, au reste, que cette espèce de piège n’a rien de plus utile qu’un simple piquet, et est plus difficile à préparer ; que d’ailleurs, le piquet offre l’avantage de plus de solidité, qu’il se prête à servir par-tout, par la facilité de l’enfoncer à toutes profondeurs. On peut d’ailleurs multiplier les lacets autour du même piquet en perçant sa tête en croix, et la traversant de deux bâtons auxquels on attache les cordes des collets : par-là, on peut prendre plusieurs canards, et même d’autres oiseaux, les uns à côté des autres, sans qu’un prisonnier puisse servir d’exemple et d’avertissement à son voisin.

Aux collets à ressort et aux pinces. Les collets à ressort, et les pinces dites d’Elvaski, du nom de leur inventeur, sont deux instrumens dont le mécanisme est à peu près semblable ; leur différence est dans le moyen appliqué à arrêter le gibier. Un collet à ressort se fait d’un fort fil de fer tourné trois fois à froid, en spirale, autour d’un bâton d’une grosseur convenable ; ce qui présente la forme de trois anneaux concentriques s’élevant exactement l’un sur l’autre ; le reste du fil de fer, qui n’a point été employé dans ce contournement, s’étend de gauche et de droite en deux branches égales, terminées chacune par un œillet ; ce qui présente assez bien la forme d’un arc. Cette machine se pose sur une petite planche qu’on appelle sa base, un peu plus longue qu’une seule des branches, à partir du milieu de l’anneau ou de la spirale qui fait le ressort ; et cet anneau est arrêté à l’une des extrémités de la planche sur laquelle il est placé diamétralement, au moyen d’une simple ficelle, ou, ce qui vaut mieux, d’un fil de fer plus menu, qui embrasse la spirale et s’enfonce dans la planche. Par les œillets, formés au bout des bras du ressort, passe un collet de crin ou de soie, ou même d’une bonne ficelle, précisément assez long pour que le nœud coulant qui le termine soit serré, par l’extension du ressort, contre un anneau de fer fixé à l’autre extrémité de la base ou planche. Un peu au dessus de cet anneau, la base est légèrement échancrée de chaque côté ; ce qui forme deux crans dont on va voir l’usage. Pour tendre ce piège, on a une dernière pièce appelée marchette. C’est un bâton d’un bois léger et sec, égal en diamètre à la planche qui porte le ressort, applati d’un bout, à partir du tiers de sa longueur. Cette partie plate s’ajuste sous la base, au moment où l’on a rapproché les deux bras de l’arc jusqu’à se toucher. Alors, ces deux bras occupent un espace moindre que la largeur de la planche sur l’extrémité de laquelle ils sont