Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/399

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réunis, et, pour les retenir dans cette position forcée, la partie plate de la marchette est armée de deux pointes ou petites broches de fer appelées arêtes, enfoncées verticalement, précisément au point où la base offre les deux crans mentionnés ci-dessus. On conçoit qu’alors les deux broches, fixées dans la marchette ajustée exactement, comme je l’ai dit, sous la base, sont reçues dans ces crans ; qu’elles doivent par-là déborder le niveau de la première planche, sur laquelle sont rapprochés les deux bras, et qu’ainsi, ce léger obstacle suffit pour les arrêter et les tenir serrés. :

Ou ouvre alors le lacet ou collet ; on le dispose en rond, sur le bout de la marchette qui dépasse le piège ; dans cet état, le ressort est prêt à jouer. Si on sème plusieurs de ces machines au bord des eaux dormantes, et qu’on les recouvre, jusqu’aux marchettes, de vase liquide qui les cache sans nuire à la détente, on peut espérer, en appâtant convenablement la place, de se trouver dédommagé de ses peines. Il faut, de plus, avoir soin d’arrêter cet appareil d’une manière assez solide pour qu’un canard, pris par la patte, ne puisse se sauver en l’emportant. La pince, dite d’Elvaski, offre la même construction dans son ressort, mais elle n’est point arrêtée sur une planche, et les extrémités des bras, au lieu de se recourber en œillet, font une pince coudée, et se resserrent, en décroisant, au point de courbure. Il est beaucoup de pays où les fumeurs ont des pinces absolument semblables, pour saisir de petits charbons, lorsqu’ils allument leurs pipes. Les cornes de la pince sont ouvertes lorsqu’on presse les deux bras du ressort en un point quelconque entre la spirale et le coude que fait chaque branche. C’est donc cette pression qui procure la tension du ressort, et, pour l’obtenir, on a une marchette formée d’un bâton qui s’emmanche, par un bout, dans une planchette ; ce qui forme la figure d’une petite pelle un peu large. À chaque extrémité de cette planchette sont deux arêtes de fer élevées verticalement, et assez peu éloignées pour forcer les doux bras du ressort, quand ils sont engagés entre l’une et l’autre, à se tenir rapprochés ; mouvement dont l’effet est d’ouvrir la pince. Ce mécanisme ainsi disposé, il est aisé de sentir qu’un gibier quelconque, qui vient à presser sur l’extrémité de la marchette prolongée entre les cornes de la pince, oblige cette marchette à se baisser ; d’où il suit que les deux petites arêtes abandonnent les bras du ressort, et que ceux-ci, en s’écartant, ramènent l’une contre l’autre les deux extrémités de la pince qui saisit par-là ce qui se trouve entre ses cornes. On emploie ce piège dans les mêmes circonstances et avec les mêmes précautions que le précédent.(V. pl. IV, fig. 16, et l’art. Collets.)

Aux filets. Les filets qu’on tend aux canards, à la manière des pantières pour les BÉCASSES, (Voyez ce mot) ne peuvent être employés, avec avantage, qu’auprès de la mer, où le passage de différens oiseaux nageurs est déterminé à des momens certains, tant par leurs habitudes que par les vents et les fortes marées, ainsi que je l’ai dit plus haut, dans le paragraphe de la chasse au fusil. C’est donc dans ces contrées qu’on peut, à l’aide de perches élevées au dessus du niveau de la mer, tendre verticalement, à marée basse, de grands filets contre maillés, avec l’espérance fondée d’y arrêter les canards et autres oiseaux de la même famille, soit à leurs passages du matin et du soir, soit lorsqu’ils sont chassés de la mer par les grands vents ou les hautes marées. Mais il est une autre espèce de filet dont on peut faire usage en tous lieux : ce sont les nappes à canards, semblables, pour la forme et le mécanisme de leur mouvement, aux nappes à alouettes, que j’ai décrites amplement