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savoir distinguer l’âge, la taille, et le sexe de l’animal, à ses traces, ou à ses fumées. Les veneurs ne courent jamais la biche, et ils en reconnoissent la voie à l’empreinte d’un pied long, étroit, mal fait, pince et os pointus, et à talon serré ; d’ailleurs, la biche place mal ses pieds, ce qu’on appelle se méjuger ; quand elle est pleine, elle appuie davantage du talon, et ouvre la pince.

Le pied du daguet ou du cerf à sa première tête, ressemble beaucoup à celui de la biche, et il faut avoir de l’expérience pour ne pas les confondre. Le daguet a le pied creux et bien fait, plus gros et plus grand que celui de la biche, les pinces plus rondes au pied de devant qu’à celui de derrière ; le premier plus grand que le second ; les os tournés en croissant, et loin du talon ; enfin, les allures plus grandes. Si la biche est accompagnée d’un daguet, elle rentre toujours la première au fort, et les voies du daguet se trouvent dans les siennes.

À la seconde tête, ou à la troisième année, le cerf a la pince plus grosse et plus pointue que le daguet, le talon plus plein et plus large, et le pied de derrière un peu fermé.

Les pinces grossissent, et le talon s’élargit encore davantage à la troisième tête, ou à la quatrième année de l’animal ; son pied de derrière, plus petit que celui de devant, est presque fermé ; et ses allures, plus larges que dans sa première jeunesse, sont aussi mieux réglées.

Parvenu à sa quatrième tête, ou à sa cinquième année, le cerf ne présente plus autant de difficultés pour la reconnoissance de ses voies ; il a les pinces grosses et rondes, le talon large, les os pleins et arrondis, le pied de devant plus grand et plus plein que celui de derrière, les allures larges et longues.

Il a encore bien plus de pied à sa cinquième tête, c’est-à-dire lorsqu’il devient cerf dix cors jeunement, et plus encore devant que derrière ; il met le pied de derrière dans celui de devant ; ses pinces sont plus grosses, son talon et ses jambes plus larges, ses os plus gros, et plus arrondis. Il commence, en marchant, à tirer, du bout des pinces, la terre en arrière.

Le cerf dix cors a encore les pieds et les os plus gros et mieux tournés, les pinces plus rondes, et la sole plus large que le précédent, les côtés larges et entièrement usés, et les allures larges et bien réglées. Quand il va d’assurance, ses pieds sont bien fermés du devant et du derrière ; il met ordinairement le pied de derrière sur le talon du pied de devant, et il attire toujours, en marchant, la terre avec ses pieds.

Plus le cerf avance en âge, plus ses os se rapprochent du talon ; plus son pied de devant s’use et s’allonge, en même temps que celui de derrière se rapetisse, plus aussi l’impression de son pied est profonde, à cause de la pesanteur de son corps.

Ces remarques ne sont pas tellement générales qu’elles ne souffrent des exceptions suivant les localités : par exemple, dans un pays pierreux, et de montagnes, les côtés du pied du cerf sont plus usés, et les pinces plus arrondies ; le pied lui-même est plus court que lorsque l’animal est dans des cantons humides.

J’ajouterai, aux reconnoissances qu’indique le pied du cerf, une observation essentielle pour les veneurs, et que l’on doit à M. Desgraviers, ancien capitaine de dragons, et commandant des véneries du prince de Conti. Aucun auteur n’en a encore parlé, beaucoup de veneurs l’ignorent, et M. Desgraviers l’a consignée dans la seconde édition qu’il vient de publier, de son excellent ouvrage sur la vénerie, sous le titre trop modeste & d’Essai, puisque c’est un traité abrégé,