Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/419

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mais complet, de cet art brillant et difficile[1].

« Pour distinguer, à l’instant, dans plusieurs pieds levés de différens cerfs, le droit d’avec le gauche de devant, le droit de derrière d’avec le gauche, et enfin le pied de devant d’avec celui de derrière, on doit observer qu’au pied de devant, l’os du dehors est presque toujours plus bas que l’os du dedans. Voici une remarque encore plus sûre : à chaque pied de devant, au dessus des os, le poil est toujours renversé en dehors du canon, c’est-à-dire, si c’est le pied droit, le poil au dessus des os de ce pied sera de gauche à droite du dedans du canon ; si c’est le pied gauche, il sera de droite à gauche : vous verrez aussi dans la jambe un épi couché du même sens que le poil qui est au dessus des os. Quant aux pieds de derrière, la sole du dedans est plus étroite que celle du dehors ; il en est de même de l’épi qui se trouve dans la jambe ; en outre, ces pieds ont en dehors un épi au défaut du jarret. Ainsi, trois signes principaux les font reconnoître ; savoir : 1°. l’épi au défaut du jarret ; 2°. ces pieds sont toujours plus haut jointés que ceux de devant ; 3°. leurs soles du dedans sont plus étroites. » Pag. 9 et 10 de l’ouvrage cité.

Les fumées ou fientes servent encore plus souvent, et au moins aussi sûrement, pour juger les cerfs que le pied dont l’empreinte ne paroît pas toujours. Cependant, ce n’est qu’en avril et mai qu’elles commencent à fournir des indices ; petites, dures et sèches en hiver, elles ne peuvent donner aucune connoissance. Au printemps, les cerfs, les vieux sur-tout, les jettent en bouzards de la grosseur d’un œuf de poule ; à la fin de mai, et au mois de juin, elles sont en plateau, et en juillet, en troches ; à la fin de juillet, et en août elles sont formées, et dorées depuis la mi-août jusqu’à la mi-septembre. (Voyez, au mot Fumées, l’explication des diverses épithètes qu’on leur donne.)

Un cerf manqué ou blessé ne jette que des fumées sèches, plus petites, plus aiguillonnées et moins nombreuses que celles des autres cerfs de son âge. Plus un cerf est gros, plus ses fumées sont grosses, nouées, formées, dorées et martelées ; elles ont aussi moins d’aiguillon.

Les fumées des biches sont toujours plus petites, plus plates, et en plus grande quantité que celles des cerfs ; à l’époque du part, ces fumées sont glaireuses et même sanguinolentes.

Par les Abattures, (Voyez ce mot) on peut connoître la hauteur et la grosseur d’un cerf, sur-tout s’il a de la boue sur lui, parce qu’il en laisse, en passant, aux branches et aux feuilles. C’est encore un moyen de savoir la route qu’il tient, les branches étant toujours pliées du côté où il va.

Quand les cerfs sentent leur tête refaite, ils la frottent contre les arbres pour en détacher la peau velue qui l’enveloppe ; c’est ce qui s’appelle frayer ou toucher au bois. (Voyez les mots Frayer et Bois.) L’écorce que ces animaux déchirent dans cette opération, peut faire juger de la grosseur de leur tête. D’ailleurs, ce sont les plus gros cerfs qui frayent les premiers, et ils se frottent contre les plus gros arbres ; les

  1. Voici le titre de cet Ouvrage : Essai de Vénerie, ou l’Art du Valet de Limier ; suivi d’un Traité sur les Maladies des Chiens et sur leurs remèdes ; d’un Vocabulaire pour l’intelligence des termes de Chasse et de Vénerie, et d’un état des divers rendez-vous de chasse et placemens des relais dans les forêts qui avoisinent Paris. Seconde édition, revue, corrigée et augmontée ; par M. Leconte Desgraviers, etc. 1 vol. in-8o. À Paris, de l’imprimerie de Xhrouet, rue des Moineaux, n°. 425. An xii. — 1804.