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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/433

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foible et très-accéléré, ce qui est plus ordinaire, on se gardera de faire des saignées, on excitera plutôt l’éruption par une infusion de fleurs de sureau ou de feuilles de sauge, de sabine ou de rue, que l’on fera boire à la dose d’un litre, et dans laquelle on ajoutera, assa fétida, quatre gros ; vinaigre, quatre onces, et miel aussi quatre onces, ou quatre à six gros d’huile empyreumatique animale, distillée sur l’essence de térébenthine. (V. Huile empyreumatique.) Ce breuvage sera administré pendant quatre à cinq jours. On doit avoir pour seconde intention de fixer la tumeur, d’empêcher qu’elle ne s’étende aux parties voisines, et sur-tout à l’intérieur. On atteindra ce but en la cernant d’une raie de cautérisation, entre le mort et le vif, après avoir rasé le poil, en faisant, à la peau, des incisions verticales à deux pouces de distance l’une de l’autre, en disséquant la peau, en saisissant la tumeur avec un crochet de fer, et en l’extirpant toute entière. Si elle adhère à quelques parties profondes, sur lesquelles il y ait du danger d’inciser, on en détruira une partie, et on changera la nature du reste par l’application d’un cautère à bouton, puis on pansera avec de l’onguent vésicatoire.

Si la tumeur est étendue, il y auroit trop de délabrement à opérer par l’extirpation, et la nature ne pourroit jamais fournir à faire suppurer, et a faire cicatriser une surface aussi considérable. On peut cerner de même la tumeur, par une raie de cautérisation, passer un ou plusieurs sétons, faire des scarifications assez profondes aux endroits les plus affectés, presser les bords pour en faire sortir les liqueurs, cautériser dans les plaies ; les laver toutes les douze heures avec de l’essence de térébenthine, et y fixer des plumasseaux imbibés de cette liqueur.

Les tumeurs et les ulcères à la langue, etc., se traitent de même. On scarifie les parties infiltrées, on emporte, avec le bistouri ou les ciseaux courbes, tout ce qui est noir et gangrené, on les lave avec le vinaigre ou avec de l’eau acidulée par l’acide sulfurique ; on les touche avec de l’eau de Rabel (composée avec acide sulfurique une partie, mêlée à trois parties d’esprit de vin.) Si l’ulcère est entièrement au fond de la bouche, on portera dessus de l’alcali volatil fluor, (ammoniaque) au moyen d’un plumasseau fixé à un bâton ou a un nerf de bœuf. On fera la trachéotomie, s’il y a une grande difficulté de respirer.

Dans cette affection, les organes digestifs sont affoiblis, leurs fonctions languissent, les matières séjournent et s’altèrent. Il résulte de là une quatrième indication, qui est de donner peu d’alimens, mais qu’ils soient de facile digestion ; on la remplit en donnant sur-tout des liquides, tels que l’eau blanchie par le son, la farine d’orge, dans chaque décalitre de laquelle on ajoutera deux verres de vinaigre et deux onces de sel de nitre.

On en fera prendre au bœuf et au cheval, toutes les heures, un litre dans une caraffe, s’ils refusoient de la boire.

Une cinquième indication est de procurer l’évacuation des matières fécales, au moyen de lavemens faits d’une décoction de son, dans chacun desquels on mettra deux onces de sel commun, et on les réitérera toutes les deux heures.

Lorsque les déjections seront faciles, que les urines seront copieuses, on fera infuser deux poignées de chicorée sauvage dans un litre d’eau, et, après avoir coulé, on ajoutera quatre gros d’aloës, quatre onces de sel d’Epsom, deux onces d’oximel simple.

On réitérera ce breuvage trois fois par jour, jusqu’à ce que l’évacuation soit bien établie ; alors on le remplacera par des infusions légères de plantes aromatiques, telles que la sauge, l’hysope, etc.