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Alors on donnera des lavemens seulement avec l’eau de son et un demi-verre de vinaigre.

Il se développe dans les ulcères, surtout du charbon blanc, des vers qui les remplissent ; on s’y oppose ou on les détruit, en couvrant l’ulcère d’huile empyreumatique grasse, qu’on y applique avec une plume, ou en y fixant des plumasseaux qui en soient chargés.

Les tumeurs subséquentes qui pourroient survenir seront traitées comme les premières. Quant aux tumeurs qui viendroient à s’affaisser ou à disparoître, on passera des sétons animés par la poudre, d’euphorbe et de cantharides ; on donnera des breuvages d’infusion de feuilles de sauge ou de fleurs de sureau, dans chacun desquels il entrera un demi-gros et même un gros d’alcali volatil fluor ou concret. On réitérera ces breuvages toutes les deux heures, jusqu’à ce que la tumeur ait reparu.

Les moyens les plus énergiques qui viennent d’être indiqués, conviennent pour le charbon intérieur ou fièvre charbonneuse ; on se hâtera de les employer, à cause du peu de temps qu’il y a entre l’invasion et la mort ; mais ordinairement les moyens préservatifs sont les seuls à mettre en usage.

Traitement préservatif du charbon^ Lorsque le charbon règne dans un pays, ou que l’on a déjà soi-même perdu un ou plusieurs animaux de cette maladie, sur-tout lorsque l’on apperçoit l’altération du poil et la très-grande sensibilité de l’épine lombaire, ou son insensibilité, il faut se hâter de recourir aux moyens préservatifs. Par rapport au charbon intérieur, l’intention est de produire au dehors l’éruption qui se feroit au dedans, d’obtenir la dépuration par cet exutoire, ou d’attirer au dehors la sensibilité dont l’altération seroit funeste dans l’intérieur.

Ce moyen consiste à s’empresser de passer un selon ou deux dans l’épaisseur des muscles pectoraux du cheval, et dans le fanon du bœuf ; de les oindre d’onguent vésicatoire, ou d’introduire dans les parties vives un morceau d’ellébore macéré dans le vinaigre ; ce qui occasionne une tumeur au bout de vingt-quatre ou trente heures : ou, si l’on veut un moyen plus actif encore, ce qui est très-bien indiqué dans le cas de charbon intérieur, de placer dans l’épaisseur des muscles pectoraux ou dans le fanon, gros comme un fève ordinaire de sublimé corrosif, que l’on passe dans un nouet de linge clair, ou que l’on attache à un séton. Alors la tumeur naît dans les six, douze ou dix-huit heures, et l’on a soin de retirer la matière qui a servi à la produire. Il faut la traverser d’un séton, quand elle est bien formée, (si on n’y en a pas mis d’abord) et retourner cette mèche, pour obtenir la fonte de la tumeur par le peu de suppuration dont elle est susceptible, ou l’on finira par l’extirper comme une tumeur charbonneuse. S’il ne se formoit pas de tumeur, ce seroit une marque que la vitalité s’éteint ; il faudroit alors redoubler les moyens prescrits. Le régime est de rigueur ; dans ce cas, on nettoiera, chaque jour, les habitations ; on étrillera, on bouchonnera les chevaux et les bœufs, on les brossera et on les tiendra dans la plus grande propreté ; on aérera les habitations ; on promènera les animaux, On leur donnera peu d’alimens, mais de bonne qualité ; on préférera les alimens secs et l’eau courante ; enfin, on visitera chaque jour les animaux, et l’on examinera toutes les parties de leur corps, pour reconnoître s’il ne se manifeste aucun des symptômes que nous avons décrits.

Moyens d’éviter la contagion. 1°. Pour les hommes. On ne fouillera point les animaux pour leur vider le rectum. L’artiste, quand il opérera, aura soin de couvrir de compresses, fixées