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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/439

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Un des moyens les plus efficaces d’entretenir dans un canton une certaine quantité de gibier, c’est de consacrer quelque portion de terrain à former des remises dans lesquelles il se retire et se reproduit. Indépendamment de cet avantage, les remises fournissent du bois et des fagots qui dédommagent de la perte des productions de la culture. Mais, si l’on veut rendre ces retraites plus utiles, soit par un meilleur abri contre les grands froids qui font périr beaucoup de gibier dans les remises ordinaires, soit en lui fournissant, pendant l’hiver, une ample nourriture qui l’empêche de dévaster les campagnes, l’on fera bien de suivre la méthode que M. Le Breton, ancien inspecteur-général des capitaineries royales, indique dans un Mémoire sur les moyens de perfectionner les remises propres à la conservation du gibier, et d’obvier en partie aux dégâts qu’il cause dans les campagnes. Cette méthode consiste dans le choix des arbres qui doivent procurer un abri au gibier, dans l’étendue et l’emplacement des remises, enfin dans les haies dont elles doivent être entourées. La plupart des arbres qu’il faut employer nous viennent du nord de l’Amérique ; ils ont le double avantage de conserver leur verdure, et de croître beaucoup plus vite que les arbres indigènes. Les plus grands serviront de porte-graines, et donneront abondamment des semences pour peupler les forêts d’arbres ou d’arbustes encore peu communs, et qui, abandonnés pour ainsi dire à la nature, multiplieront plus facilement sous différentes expositions. Pour les haies qui doivent régner autour des remises, M. Le Breton conseille de préférer les espèces d’azeroliers aux épines et aux ajoncs qu’on emploie ordinairement ; elles forment des haies très-solides, et leurs fruits nombreux servent à la nourriture du gibier. À trois pieds de distance, et en dedans de la haie, on forme une seconde bordure d’arbres toujours verts, et à basse tige : tels que le bulpévre, les germandrées, les cistes, les kermès, les genêts, etc. La perdrix trouve au milieu de ces arbrisseaux un asile, dans le temps de la ponte. L’intérieur de la remise se plante d’arbres et d’arbustes de différentes espèces, mais principalement d’azeroliers, de sorbiers, de camerosiers, de sureaux, de mahalebs, de cornouillers, de viornes, de nerpruns, de genévriers de Virginie et d’Europe, etc., etc. Le procédé de M. Le Breton a été pratiqué avec succès en divers lieux, et il est propre à concilier des intérêts souvent fort opposés, ceux du chasseur et du cultivateur.

Toutes les sortes de guerres que nous faisons aux animaux sauvages, prennent le nom de chasses. Ainsi l’on distingue la chasse avec des chiens courans dans les bois, la chasse au fusil et avec des chiens couchans dans les plaines ou sur les collines découvertes, la chasse avec des lévriers, la chasse aux animaux aquatiques dans les étangs et les marais ; enfin, la chasse avec des filets ou des pièges. L’article Vénerie, de même que les articles particuliers des espèces de gibier que on poursuit dans les forêts, contiennent ce qui a rapport à la grande chasse ou chasse à cors et à cri. Il ne sera point question, dans cet Ouvrage, de la fauconnerie, ou chasse avec les oiseaux de vol, plus dispendieuse que profitable, tenant plus particulièrement au luxe et à l’ostentation, exigeant un appareil trop au dessus des facultés du plus grand nombre des propriétaires, et ne pouvant convenir qu’à la grandeur ou à la puissance. L’on trouvera aux articles des espèces d’oiseaux aquatiques, les détails de la chasse dans les étangs et les marais ; et ceux qui concernent les pièges et les filets, aux articles des animaux, soit quadrupèdes, soit volatiles, qui sont l’objet de ces sortes de