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de celui qui l’a chargé ; par exemple, s’il laisse du jour entre la poudre et la halle, sur-tout lorsque celle-ci a été chassée à force avec une baguette de fer ; si de la terre ou de la neige s’est introduite dans le canon ; si le bout du fusil que l’on tire est enfoncé dans l’eau ; enfin, si l’on charge outre mesure.

Quant à la batterie du fusil, l’on doit exiger que la platine soit bien finie, et que les ressorts soient lians, sans néanmoins être trop gais, ce qui exposeroit à des accidens. La crosse et la couche du fusil sont plus ou moins longues, selon l’attitude que l’on prend pour mettre en joue.

Après l’acquisition d’une bonne arme, ce qui intéresse le plus le chasseur, c’est une provision de la meilleure poudre. Cette substance très-inflammable est, comme l’on sait, un mélange de charbon, de soufre et de nitre ou salpêtre, (nitrate de potasse.) Pour la forte poudre à fusil, les proportions ordinaires de ces trois matières sont : cent livres de salpêtre, dix-huit de soufre, et vingt de charbon ; pour la poudre foible : cent liv. de salpêtre, quinze de soufre et dix-huit de charbon. La poudre employée par le comte de Rumford, dans ses expériences, contient dix-huit parties de soufre, seize de charbon, et soixante-dix de nitre. Afin de connoître si ces proportions ont été bien observées, on délaie la poudre dans une suffisante quantité d’eau chaude ; cette eau dissout le salpêtre ; on filtre et on fait évaporer ; le résidu se met dans un matras, et on le chauffe fortement ; le soufre se sublime, le charbon pur reste au fond, enfin on pèse chaque produit. Quoique l’on rencontre de la bonne et de la mauvaise poudre, sous toutes les formes et sous toutes les teintes, on doit néanmoins préférer, en général, celle dont les grains sont arrondis et de grosseur moyenne, connue étant moins disposée à se convertir en poussière. La couleur doit être un bleu grisâtre teint de rouge. Quand la poudre est exposée au soleil, elle ne doit pas présenter des endroits brillans qui indiquent que le salpêtre n’a pas été assez écrasé, ni assez intimement uni avec le soufre et le charbon ; la texture du grain doit être ferme, mais pas assez solide pour résister à la forte pression du doigt sur une table.

Il y a plusieurs manières d’éprouver la force de la poudre à feu ; la plus ordinaire se pratique avec des instrumens appelés, par cette raison, éprouvettes ; on en trouve de plusieurs sortes. L’éprouvette à ressorts de M. Régnier passe pour être la meilleure, parce qu’elle indique assez constamment les divers degrés de force de la poudre, avec toute la justesse qu’on peut espérer de ce genre d’instrumens, et qu’elle opère sur de petites quantités. À défaut d’éprouvettes, on peut juger facilement, mais avec moins d’exactitude, de la force de la poudre, par un moyen simple : mettez une pincée de poudre sur un papier blanc et sec, approchez doucement un charbon de feu ; la bonne poudre prend subitement et s’élève en colonne, sans laisser sur le papier ni rayons, ni noirceurs, ni flammèches qui le brûlent. Si la poudre est mauvaise, ou le salpêtre et le soufre s’attachent au papier, où elle le noircit, ce qui dénote une trop grande quantité de charbon, où elle laisse sur le papier de petits grains de salpêtre, qui prouvent qu’elle a été mal fabriquée. Pour essayer si la poudre est bien nette sans être grasse, on en prend un peu dans le creux de la main, on la frotte avec le pouce, et elle ne doit ni noircir, ni graisser la peau. La poudre a besoin d’être tenue très-sèche ; l’humidité en altère la qualité, et une nouvelle dessiccation ne la lui rend pas.

Le succès de la chasse dépend aussi beaucoup de l’attention du chasseur à proportionner la grosseur du plomb