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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/447

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telligence avec la vôtre, à comprendre votre langage, vous le formerez peu à peu à tout ce que vous voudrez.

» D’où vient que rarement, on voit des équipages de chiens anglais souples et sages ? La vraie cause est moins dans leur caractère léger et entier, (défauts dont les chiens français, dans certains ordres, ne sont pas exempts) que dans la difficulté, et même l’impossibilité d’entendre l’idiome français.

» À leur arrivée en France, on les laisse reposer quelque temps, et peu après, quand ils ont pris hauteur du pays où l’on veut qu’ils chassent, on les découplé, et on va, s’imaginant qu’ils feront merveille. Erreur trop fréquente ! ces chiens, plus étourdis que conduits par des sons étrangers, ne courent qu’en désordre ; plus on leur parle, plus ils semblent indociles.

» Après cette expérience désagréable, comment ne s’avise-t-on pas de leur apprendre les sons de la langue qui désormais frappera leurs oreilles ? Aussi, quel agrément retire-t-on, pour l’ordinaire, de ces chiens si vantés ? Qu’on en convienne, presqu’aucune ; il en est à peu près de même du chien de plaine.

» Il n’est point du tout étonnant que, passant des mains d’un maître en celles d’un autre, d’habile qu’il étoit, il paroisse ignorant. Pour qu’il mette au jour ses talens, il faudroit que le second conducteur eût la méthode de celui qui l’a dressé, ou s’en instruisît du moins, et qu’il imitât les différentes intonations de voix du dresseur ; car, c’est moins la prononciation du mot que l’intonation qui résonne dans l’oreille du chien. C’est à l’intonation qu’il conçoit de la crainte ou de la gaîté, de l’ardeur ou de la modération, ; et, quand on l’a accoutumé à répondre de telle ou telle façon, à tels ou tels sons, et à telles ou telles manières, n’imaginez pas, quand vous changerez de sons et de méthode, qu’il vous entende et vous obéisse : ayez donc la patience de vous façonner à lui, ou de le façonner à vous. »

La couleur du vêtement du chasseur n’est point indifférente ; si elle tranche trop avec la teinte que la végétation répand généralement sur les campagnes, le gibier en sera offusqué, et fuira de loin. Le vert et le gris sont les couleurs qui conviennent le mieux. Dans le temps où la terre est couverte de neige, le chasseur se vêtira de blanc, afin de n’être point apperçu par les animaux qu’il cherche : c’est la méthode qu’emploient les chasseurs du Nord. Si un hiver long et rigoureux entretient longtemps une couche de neige épaisse et endurcie, l’on fera bien, pour empêcher que le défaut de nourriture ne fasse périr tout le gibier d’une terre, de répandre de la paille et du grain en quelques endroits débarrassés de neige, afin que le gibier, et particulièrement les perdrix, puissent trouver des alimens que l’âpreté de la saison leur refuse.

Chasser à bon vent, c’est-à-dire en allant contre le vent, est une attention que l’on doit avoir toutes les fois qu’on le peut. Le chien évente mieux le gibier, et celui-ci n’a pas le sentiment du chasseur et du chien. Le matin est la partie du jour la plus favorable pour la chasse, dès que la rosée, qui gâte le nez du chien, ne mouille plus ni les herbes, ni les chaumes. Pendant les chaleurs, le gibier de plaine se tient dans les lieux frais et ombragés par de grandes herbes, aussi bien que sur les coteaux exposés au nord ; en hiver, il recherche l’exposition du midi, et les lieux bas et fourrés ; enfin, la bonne saison pour la chasse au fusil, est depuis la fin d’août jusqu’à la fin de décembre. Il est encore,