Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/448

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sans doute, d’autres choses qu’un chasseur ne doit pas ignorer ; l’usage et l’exemple les lui apprendront. L’on sent bien que je n’ai pu donner ici un traité complet sur la chasse, et que j’ai dû me borner à tracer rapidement les principales instructions qui peuvent contribuer à rendre la chasse au fusil, avec les chiens couchans, aussi fructueuse qu’agréable. Il me reste à dire un mot de la chasse en plaine avec les lévriers.

Cette espèce de chasse est fort amusante dans une plaine découverte, et d’une grande étendue ; le fusil y est inutile. Les lévriers. (Voyez l’article du Chien, dans le Cours) n’ont point de nez, et ne chassent qu’à vue. Dès qu’ils aperçoivent un lièvre, ils se mettent à sa poursuite ; on les encourage eu leur disant : oh lévriers. Il est amusant de voir ces chiens, qui sont, comme l’on sait, d’une grande vitesse, joindre bientôt le lièvre qui est parti avant eux, le dépasser lorsqu’il fait un crochet, le suivre dans ses détours, le manquer encore ; enfin redoublant, non de rapidité dans leur course, mais de précaution, le saisir et l’apporter à leur maître. J’ai vu de grands lévriers qui, lorsqu’ils atteignoient le lièvre, le faisoient sauter en l’air d’un coup de museau, et le recevoient dans leur gueule quand il retomboit. Pour jouir de tout le plaisir que peut procurer la chasse avec les lévriers, les chasseurs doivent avoir des chevaux ; alors ils ne perdent pas de vue les chiens, et ils sont à portée de les appuyer. (S.)


CHAT, (Addition à l’article Chat, tome III, page 150.) Quoique le travail que M. Mongez a fait au sujet du chat, soit en plus d’un endroit susceptible d’observations, je me contenterai de faire une seule remarque, qui a rapport à l’économie rurale. Selon M. Mongez, pour forcer le chat à une guerre continuelle contre les souris, on doit ne lui donner à manger que rarement. Ce conseil n’est que trop généralement suivi dans les campagnes ; mais il n’est nullement fondé, et l’expérience, de même que le raisonnement, prouve qu’il est erroné. C’est par instinct et non par besoin que le chat fait la guerre aux souris ; mais cette guerre d’embuscade exige une patience et une persévérance que n’aura jamais et que ne peut avoir un animal pressé par la faim. Se tiendra-t-il plusieurs heures de suite immobile à guetter sa proie, quand il trouvera d’autres moyens de satisfaire plus promptement son appétit ? Non, sans doute ; et il est de fait que la vraie manière de rendre les chats de hardis et d’adroits voleurs, c’est de ne pas leur donner à manger. En Lorraine, par exemple, où le paysan est fort dur envers les animaux, les plus mauvais traitemens sont réserves au chat. Paroîr-il dans la cuisine, ou dans tout autre lieu où les habitans d’une maison se rassemblent ? Soudain les sabots, les bâtons, les chaises pleuvent sur le pauvre animal, jusqu’à ce qu’il ait disparu ; aussi est-il assez commun de voir dans les villages des chats estropié ou éborgnés, et tous hideux de maigreur. Qu’arrive-t-il ? la nuit qui est le temps que les chats emploient avec le plus de succès à la chasse des souris, devient l’époque d’un brigandage commandé par la faim ; ils profitent du repos des hommes pour chercher tous les moyens de les voler ; la plus petite ouverture suffit pour qu’avec des efforts qu’un besoin impérieux rend très-actifs, ils s’introduisent dans les pièces qui renferment les vivres ; et une fois qu’ils y sont entrés, le lard, les jambons, le pain, le lait, les fromages, et jusqu’à l’huile et aux mèches des lampes, tout devient leur proie. De pareils dégâts sont bien propres à faire repentir de la parcimonie qui a refusé quelques alimens à des animaux que l’on cesse de rendre