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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/449

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utiles en les laissant périr d’inanition.

Tous ceux qui ont élevé des chats avec quelques soins savent que la nourriture qu’on leur donne ne les empêche pas de prendre les souris ; souvent alors ils ne les mangent pas : mais qu’importe, pourvu qu’ils les tuent ? J’ai perdu naguères un chat angora d’une beauté rare ; étoit nourri très-délicatement ; son embonpoint, sa finesse et la blancheur éblouissante de ses soies annonçoient l’abondance et le choix de ses alimens ; c’étoit en un mot,

Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras.


Aucun animal de son espèce ne fit peut-être une telle déconfiture de souris. Si en soulevant des gerbes dans la grange, un domestique découvroit de ces animaux rassemblés, il venoit appeler le chat qui, bien qu’endormi souvent dans un fauteuil, ne se faisoit pas appeler deux fois, couroit avec beaucoup d’ardeur à l’endroit qu’on lui indiquoit, et ne le quittait que lorsque les souris avoient été prises. On l’a vu plus d’une fois, se trouvant au milieu d’une nichée de souris, en saisir deux dans sa gueule, et,

Jetant des deux côtes la griffe en même temps,


en retenir une autre de chaque patte.

L’homme des champs est, généralement parlant, assez disposé à être avare de soins pour les animaux domestiques, et même à les maltraiter ; on doit, ce me semble, l’être aussi de préceptes qui tendent à maintenir ou à accroître de pareilles dispositions. Ceyte réflexion s’applique également à un second conseil, par lequel M. Mongez termine son article du Chat ; il veut que si vous aimez la chasse, et que vous ayez près de vous une garenne ou des prés, vous tuiez impitoyablement tous les chats, etc. etc. Un autre, aux yeux de qui la chasse ne trouve pas grâce, vous recommandera de tuer tous les lapins ; en sorte que si l’on écoutoit la plupart de ces auteurs, qui, du fond de leurs cabinets, prescrivent les massacres, il ne resteroit bientôt plus d’animaux utiles. Imitons la nature qui, dans la sublime ordonnance de ses œuvres, maintient les espèces dans un juste équilibre, les oppose l’une à l’autre pour qu’elles ne se propagent pas à l’excès, et ne permet pas qu’aucune, même la plus foible, soit anéantie par les autres.

La fécondité du chat est cause que l’on s’occupe rarement de sa conservation ; les chats sont attaqués de maladies, et l’on ne s’en occupe guères. Cependant un animal qui préserve nos grains de la dent d’animaux rongeurs a des droits non seulement à des ménagemens, mais encore à des soins. Les convulsions sont une des maladies les plus fréquentes des chats ; ils sont aussi attaqués de constipation, d’inflammations à la gorge, etc. ; on les purge doucement avec une très-petite dose d’émétique ou d’ipécacuana, et on leur fait avaler, plusieurs fois le jour, une cuillerée à café d’huile d’amandes douces mêlée avec du sirop de mûres.

Une épizootie a fait, ces années dernières, de grands ravages parmi les chats, dans une grande partie de la France et de l’Allemagne. Le remède suivant a été mis en usage avec succès dans plusieurs contrées, et on peut l’employer dans des circonstances analogues. Ce remède a été publié dans les Mémoires de la Société d’Agriculture, arts et commerce des Ardennes, seconde Partie, page 34 ; voici en quoi il consiste :

Faites chauffer une brique bien chaude, et mettez-la sous une cage à poulets ; renfermez le chat malade dans cette cage, que vous envelopperez d’un drap ; versez ensuite du vinaigre le plus fort sur la brique, afin que l’animal en respire la vapeur, ce qui le fait tousser et rendre des