Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/470

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de nouveaux, produits qui, en changeant la composition du fluide qu’il s’agissoit de clarifier, ne le présentent plus, abstraction faite des corps qui troublaient sa transparence, tel qu’il étoit avant sa clarification. On trouve un exemple bien frappant de ce qui arrive dans ce cas, lorsqu’on considère ce qui se passe dans la clarification spontanée des sucs de plantes ou de fruits. Toujours ces sucs, nouvellement exprimés, sont troubles ; ils s’éclaircissent néanmoins insensiblement ; mais alors leur nature n’est plus tout à fait la même : ils contiennent des produits qu’on n’y auroit pas rencontrés s’ils eussent été clarifiés immédiatement après l’expression. C’est aussi pour cela que les sucs de citron, de groseille et de bigarade, etc., examinés avant ou après leur clarification spontanée, sont si différens pour la saveur, l’odeur, la couleur, et leurs propriétés économiques.

En général, on peut établir comme une chose constante, que toutes les liqueurs fermentescibles sont celles dans lesquelles la clarification spontanée produit les effets dont il vient d’être question, tandis que ces effets n’existent pas par rapport à celles qui sont peu ou point susceptibles de fermentation, et dont la transparence n’est troublée que par l’interposition des molécules incapables d’agir en aucune manière sur les parties constituantes de ces mêmes liqueurs.

Ainsi, par exemple, de l’eau, de l’alcool, de l’éther, de l’huile, etc., qui se trouveroient dépourvus d’une transparence parfaite, pourroient facilement l’acquérir par la clarification spontanée, sans que la composition de ces fluides éprouvât le moindre changement, puisqu’en les examinant après qu’ils seroient clarifiés, ou les trouveroit semblables à d’autres qui n’auroient pas été soumis à la clarification.

Les eaux de rivières, et particulièrement celles des grands fleuves, sont souvent troublées à la suite d’un orage ou d’une grande crue ; elles charrient le limon que les pluies ont entraîné de dessus les terres : le pauvre qui n’a point de fontaines, les remplace par des pots à beurre, dans lesquels il met reposer l’eau jusqu’à ce que le dépôt terreux soit précipité ; et s’il la consomme moins limpide que celle dont le riche fait usage, il en est dédommagé en la buvant plus sapide et plus aérée.

On doit remarquer que le moyen adopté à Paris par les gens les moins aisés, pour épurer l’eau, est précisément celui que les Égyptiens opulens emploient généralement, et de préférence, pour clarifier l’eau du Nil ; ils la font mettre dans de grands pots de terre poreuse, et après un repos de quelques heures, elle s’éclaircit ; alors ils la distribuent dans de petits vases de terre cuite, qu’on nomme bardaks, dont la surface se couvre d’eau qui, empruntant à celle qui est intérieure le calorique dont elle a besoin pour son évaporation, réduit celle-ci à une température de six à sept degrés au dessous de celle qu’elle avoit.

Le second procédé pour clarifier les fluides, consiste à les filtrer ; mais cette opération ne peut jamais s’exécuter sans le concours de corps intermédiaires dont les pores très-resserrés permettent seulement le passage du fluide, et retiennent toutes les molécules qui n’y étoient que suspendues.

Nous ne tarderons pas à jouir des mêmes avantages que les Égyptiens pour le refroidissement de l’eau ; M. Fourmy occupé de la perfection de nos poteries les plus communes, et que l’Institut vient de couronner, a fabriqué des bardaks parfaitement semblables, pour l’effet, à celles d’Égypte.

Clarification, par le filtre. L’instrument qui sert à la filtration varie infiniment ; le papier, les draps de laine, les