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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/478

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touchant successivement tous les points du membre ; on reconnolt le point affecté, en ce qu’il y a une chaleur et une douleur proportionnées au degré de lésion.

Cependant l’animal fait quelquefois un mouvement par crainte : il est aussi des parties naturellement sensibles, dans lesquelles une pression un peu forte peut faire paraître une douleur qui n’y auroit pas existé auparavant ; telles sont la partie du tendon près les os sésamoïdes, les parties latérales de la couronne, etc.

Si l’animal souffre des deux membres de devant, il les soulage tour à tour ; mais son appui est toujours moins long sur le membre qui est le plus affecté. Dans le cas des deux membres antérieurs boiteux, les deux membres postérieurs se portent plus en avant, s’engagent plus sous le centre de gravité, et la tête est haute, pour diminuer la charge que les parties souffrantes sont forcées de soutenir.

C’est le contraire, si ce sont les membres postérieurs qui sont boiteux.

Examen du cheval boiteux dans la marche. Si le siège du mal ne se reconnoît pas suffisamment dans la station, on fait marcher le cheval au pas ou au trot. Il soulage de même le membre souffrant, en lui faisant porter le corps le moins et le plus vite qu’il est possible. L’irrégularité ne se faisant voir que dans la marche, dans une partie en mouvement, il est difficile de l’apercevoir, et sur-tout d’en distinguer le siège.

Pour bien faire saisir ce qui va suivre, il faut rappeler qu’on distingue quatre temps dans la part que chaque membre prend à l’allure. D’abord, le membre se lève, c’est ce qu’on appelle le lever ; 2°. étant levé, le pied parcourt une ligne à peu près parallèle au sol : c’est le soutien ; 3°. le pied se rapproche de terre et la touche : c’est le poser ; 4°. enfin, dès que le pied a touché le sol, le corps commence à se porter sur le membre, et s’y porte de plus en plus jusqu’à ce qu’il se lève de nouveau, et ce dernier temps est l’appui. Ces temps sont égaux dans l’allure régulière.

Dans le membre boiteux, le lever est plus prompt, le soutien plus long ; le membre est roide dans le soutien ; le poser est ménagé et plus tardif ; l’appui est incertain, et d’autant plus court, que la douleur est plus violente. Au contraire, le membre opposé fait son appui le plus long possible, et les autres temps plus courts : il embrasse aussi moins de terrain.

La tête s’élève dans l’instant où le membre malade s’appuie ; c’est ce que le commun des amateurs appelle boiter de l’oreille. Le corps se jette sur les autres membres, et sur-tout sur le bipède opposé ; et si la douleur empêche l’appui du pied souffrant, l’animal s’enlève, fait un saut qui résulte de la promptitude que l’extrémité saine met à soulager celle qui est boiteuse. L’action de tourner de court sur le membre boiteux est aussi très pénible.

Voilà les moyens généraux de distinguer dans la marche quel est le membre boiteux ; il y en a encore qui feront reconnoître que c’est un membre de devant ou un membre de derrière, et que c’est le droit ou le gauche.

C’est un membre de devant, si le cheval porte la tête haute, ce qu’il fait pour soulager son devant, en renvoyant la masse sur le derrière ; il avance les extrémités postérieures plus sous le corps, pour soulager celles de devant. Dans le cas ou le cheval boite d’un des pieds de derrière, il soulage le pied malade, dans la marche, au moment où le pied appuie, en abaissant la tête et en rejetant la masse sur le pied de devant. L’appui du pied malade est toujours accompagné d’un abaissement subit de la croupe, pour éviter que le membre ne porte sa part du poids du