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corps. Le cheval rejette aussi son corps sur le côté sain, ce qui indique si c’est le membre droit ou le gauche qui est souffrant.

Si le cheval porte la tête basse, si les membres antérieurs sont portés en arrière et beaucoup sous le corps, ce sont les membres postérieurs qui sont affectés.

Si la claudication est extrêmement légère, elle peut, malgré ces attentions, échapper à l’œil de l’observateur ; il faut, pour en augmenter les indices, faire trotter rapidement l’animal en main, sur le pavé, et le tenir seulement au bout des rênes du bridon. Si ce moyen ne suffit pas encore, on fait trotter sur une piste circulaire, ayant soin de changer de main au bout de cinq à six minutes, et de comparer ensuite les mouvemens des membres dans ces deux situations. L’animal paroîtra droit ou moins boiteux, tant que le membre malade sera en dehors du cercle, mais il boitera plus sensiblement lorsqu’il sera en dedans, et d’autant plus que le cercle sera moins grand.

Ayant découvert de quel membre, et de combien de membres le cheval boite, On s’occupera de reconnoître quel est le point précis où est le siège du mal. C’est le pied ou bien le reste du membre : mais le plus souvent c’est, sans contredit, le pied. Cependant, dès qu’un pincement fait sans méthode avec la tricoise, (tenaille à ferrer) ne fait pas découvrir l’endroit souffrant, le commun des guérisseurs abandonne vite cette partie pour le chercher ailleurs. On accuse souvent bien à tort l’épaule ou la cuisse ; l’ignorance même ose quelquefois avancer que le cheval boite de la hanche, etc., ce qui est absurde. On applique des drogues sur le lieu soupçonné ; et pendant qu’on en attend de bons effets, le mal fait ailleurs des ravages qu’on n’aperçoit quelquefois que quand ils sont très-fâcheux. D’autres fois aussi l’animal se redresse et guérit, parce que c’est une fatigue qui en était la cause, et que le repos seul l’a dissipée.

Nous ne pouvons trop insister sur la nécessité d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse le pied d’un cheval qui boite.

Signes qui indiquent que le mal a son siège dans le pied. L’animal cherche à marcher sur la terre, sur le fumier ; il évite le pavé, si le mal est dans le pied, et sur-tout dans l’un des pieds de devant. Le mal est dans la partie antérieure du pied si l’appui se fait principalement sur les talons, et si le cheval embrasse beaucoup de terrain. Le contraire a lieu si le cheval souffre d’une des parties postérieures du pied.

Si la douleur est dans l’un des quartiers, le quartier malade sera reconnu à ce que l’appui de ce pied est toujours plus marqué sur le côté ou quartier sain, (en supposant que le cheval eût ses aplombs auparavant.)

On ne se contentera pas d’examiner le pied dans la marche et dans l’appui ; il faut le débarrasser de ce qui gêne l’œil et le tact, et examiner sa propre substance ; ce qu’on appelle sonder. On déferrera donc : les clous ôtés, on apperçoit les trous qu’ils ont faits, et l’on voit quand ils sont gêné, ayant été brochés trop loin du bord, etc.

On parera à fond également, et dans toute leur étendue, la sole et la fourchette, jusqu’à ce que le doigt fasse fléchir très facilement la sole, jusqu’à ce qu’on nomme la rosée ; puis, avec la tricoise, on pincera doucement la sole en prenant un point d’appui sur la paroi, de manière à augmenter la douleur, et à faire fléchir l’animal lorsqu’on en sera à l’endroit dont la lésion cause la boiterie. Mais, pour établir de l’ordre, on commencera par le talon du dedans, qui est le plus sujet aux insultes ; on ira par degrés au quartier, à la mamelle, à la pince, puis à la mamelle opposée,