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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/486

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Les Anglais ont remarqué qu’en les laissant manger avec leur avidité ordinaire, le lard devient spongieux et plus sujet à rancir que celui des mêmes cochons auxquels on n’administre la nourriture qu’à mesure qu’ils peuvent la manger. Pour cet effet, ils se servent d’une machine qui leur a constamment réussi ; c’est une espèce de trémie enfoncée, mais dont une des parois est ouverte depuis le fond jusqu’à quatre ou cinq pouces de hauteur, sur deux ou trois de largeur ; elle est suspendue au dessus d’une ange de la capacité d’un pied et demi cube ; on jette la mangeaille dans cette trémie, qui est un peu inclinée, et il n’en tombe qu’autant que les cochons en peuvent manger. Ils ont encore imaginé un autre instrument, à la faveur duquel les cochons, vers les derniers jours de l’engrais, sont pris par les quatre pattes, et n’ont de libre dans tous leurs mouvemens que la mâchoire, pour faire tourner au profit de la graisse tout ce qu’ils avalent jusqu’au dernier moment de leur existence.

Cinquième moyen d’engrais. Un grand moyen d’engrais, peu dispendieux, mais praticable seulement dans le voisinage des bois, ce sont les fruits sauvages, et particulièrement le gland, que les cochons mangent avec plaisir ; ces animaux, à leur retour du bois, n’ont besoin que d’une eau blanche, ou même d’eau pure ; les propriétaires de nombreux troupeaux se sont souvent adjuger la glandée, dans des années abondantes, et chargent les forêts de ces animaux maigres qu’ils achètent exprès, et revendent au bout de six semaines, lorsqu’ils ont pris un peu de graisse.

Comme est rare que le chêne donne du gland deux années de suite, il faut s’occuper à prolonger la durée de ce fruit, en l’exposant à la chaleur du four, après qu’on en a tiré le pain, ou bien on kui applique le séchoir employé dans nos provinces méridionales pour la conservation des châtaignes ; alors, quand il a bien ressué, on le laisse en tas dans un endroit sec ; et lorsqu’il s’agit de le consommer, on le moud, ou on le ramollit dans l’eau, pour augmenter ses effets nutritifs.

Sixième moyen d’engrais. La faîne est encore un moyen économique d’engrais ; mais l’expérience a prouvé que les cochons engraissés par la faîne ne donnent qu’un lard jaune, mou, de peu de garde, qui fond à la première chaleur, et que leur chair prend mal le sel. Le fruit du hêtre auroit une destination plus utile si, après lui avoir enlevé son écorce au moyen des meules de moulin, on soumettoit l’amande en farine à la presse, pour en extraire l’huile, si bonne dans nos alimens, et à brùler ; le marc qui en résulteroit n’auroit plus les inconvéniens remarqués plus haut, il deviendroit une nourriture excellente pour les cochons, ce qui formeroit un double profit. C’est ainsi que, dans les cantons où l’on cultive le pavot, le colza, la navette, le lin, etc., pour en exprimer l’huile, on donne le marc en tourteaux aux cochons, et ce manger bien dirigé procure un grand profit : ou leur donne aussi le marc des pommes de terre quand on en a séparé a fécule.

Septième moyen d’engrais. En général, les animaux de basse-cour, et principalement les cochons, aiment les racines potagères ; elles réussissent à cet égard par dessus tout autre aliment ; et, dans le nombre des substances propres à suppléer les grains, on doit les regarder comme les plus nourrissantes et les moins coûteuses : on peut les leur administrer crues ou cuites, avec la précaution de les diviser par tranches menues, et d’en régler toujours la quantité sur la force et la constitution de l’animal.

Mais une racine facile à se procurer par-tout, c’est la pomme de terre ; elle