Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/498

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roient tourner au profit d’une récolte, tandis que le résidu acquerroit, pour celle qui lui succède, le caractère et la forme qu’on a intention de lui donner, en le réduisant à l’état de poudrette. La propriété fertilisante se prolonge alors, et elle n’est pas épuisée par une seule récolte.

S’il y a des peuples qui paroissent négliger la source des engrais, il y en a d’autres dont les efforts ne tendent qu’à profiter de tout ce qui est à leur disposition pour amender leurs terres : les Arabes, par exemple, pratiquent de grandes fosses, peu profondes, qu’ils remplissent de tous les animaux qui viennent à mourir ; ils les recouvrent ensuite de terres calcaires et de terres argileuses. Au bout de quelque temps, ces terres, stériles par elles-mêmes, aérées, gazéifiées, animalisées, pour ainsi dire, acquièrent non seulement la faculté de produire, mais encore celle du plus puissant engrais.

Enfin, il est possible d’aérer la terre comme les fluides, en enchaînant, par leur mélange avec certains corps eu décomposition, les principes qui les constituoient ; d’où il résulte une matière surchargée de gaz qui ajoute à ses propriétés, et en forme, par leur réunion, un engrais plus actif que chacun des objets qui le composent. (Parmentier.)


COLORANTES. (Culture des plantes) Après les grains, les prairies, les vignes, les bois, le chanvre et le lin, la culture des plantes tinctoriales paroît être celle qui mérite le plus de considération ; c’est une de ces vérités qu’il faut s’empresser de reproduire, dans un moment sur-tout où un concours de spéculations va multiplier et fixer sur leurs domaines un grand nombre de propriétaires, où les vues et l’esprit des capitalistes n’ont plus bientôt à se porter que sur des matières agricoles et commerciales.

« La nature, comme l’on sait, n’a pas seulement assigné à la garance, à la gaude et à l’anil, une matière colorante ; elle l’a répandue encore dans une foule de végétaux sauvages. Dambourney, par ses recherches, ses travaux et sa fortune, avoit dispensé ses concitoyens, qui font une prodigieuse consommation de garance pour les indiennes qu’ils fabriquent, de tirer cette racine de la Hollande et de la Zélande ; il a indiqué en même temps des procédés simples, par lesquels il montre la possibilité de multiplier leurs nuances, et de consolider leurs couleurs.

Pour donner une idée de l’étendue des obligations que nous devons à Dambourney, je désirerois offrir ici la nomenclature des fleurs, des fruits, des bois, des plantes indigènes ou naturalisées qu’il a examinés, et dont il a retiré un produit capable de suppléer les matières colorantes que l’étranger ne nous fournit qu’à grands frais ; mais je préfère de renvoyer à l’ouvrage même, à cette belle suite d’opérations, dans laquelle il est intéressant de voir ce vertueux auteur interroger sans cesse la nature, et obtenir des substances, les plus viles en apparence, les plus belles et les plus solides couleurs : plus de neuf cents nuances sont le prix inestimable de ses veilles. L’ouvrage est intitulé : Recueil de procédés et d’expériences sur les teintures solides que nos végétaux indigènes communiquent aux laines et lainages.

Quelques jours avant que cet homme, honoré et estimé de toute l’Europe, fût enlevé à la partie de la France, à la prospérité de laquelle il a tant contribué, il m’écrivit pour m’inviter à entretenir le Conseil d’Agriculture auprès du Ministre de l’Intérieur, du nouveau travail qu’il méditoit sur l’indigo retiré du pastel : « J’ai vaincu, me disoit-il, de plus grands obstacles, en accréditant dans