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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/500

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n’est autre chose que le suc épaissi de ces fruits que l’on fait évaporer à une douce chaleur, et auquel on ajoute de l’alun dissous dans l’eau. Quand cette préparation est à la consistance de miel, on l’enferme dans des vessies que l’on fait sécher dans la cheminée. Cet arbuste offre une variété que l’on connoît sous la dénomination de graine ou de rainette d’Avignon, à cause de l’usage de son fruit et du lieu de sa naissance ; elle diffère du nerprun précédent par toutes ses parties qui sont plus petites, et par les découpures de la fleur, qui ne sont pas plus longues que le tube.

Les baies de cette variété sont très connues, très-employées pour les teintures en jaune : on prépare avec elles le stil de grain ; cependant, malgré les préparations quelconques des baies, elles tiennent un jaune qui se soutient très-peu, et encore moins lorsqu’elles sont pour les verts.

Le sumac, naturel au midi de la France, peut-être cultivé dans les fonds les plus stériles ; la récolte s’en fait au bout de quelques années ; on se sert, pour couper ses branches, de la faucille ordinaire ; on les laisse cinq à six jours exposées au soleil, et, lorsque les feuilles sont suffisamment séchées, on les détache des rameaux au moyen du fléau ; les feuilles, ainsi séparées, sont portées sous la meule, et réduites en poudre grossière, qui est mise en cet état dans le commerce.

Les drapeaux de tournesol, préparés dans les environs de Montpellier, ne sont que de grosses toiles qu’on imprègne du suc de la plante appelée morelle, et qu’on expose à la vapeur de l’urine en fermentation, pour y développer une couleur bleue.

Il restoit à trouver le moyen de composer les pains de tournesol, et c’est à quoi est parvenu M. Chaptal ; pour cela, il a fait fermenter le lichen parellus d’Auvergne, celui qui fait la base de l’orseille, avec l’urine, la craie et la potasse.

On a cru jusqu’à ce jour que les Hollandais, à qui l’on expédie ces drapeaux, avoient l’art d’en extraire le principe colorant, et de le porter sur une base crayeuse, pour former ce qui nous est vendu sous le nom de pain de tournesol ; cependant, la facilité avec laquelle ces drapeaux se colorent en rouge, la petite quantité de matière colorante qu’ils contiennent, l’impossibilité de la fixer sur une base terreuse, l’usage où sont nos commissionnaires d’adresser constamment ces drapeaux à des marchands de fromages, devoient nécessairement faire naître des doutes sur l’usage qu’on leur attribuoit. Des informations recueillies à ce sujet, ont appris que les marchands de fromages faisoient macérer ces drapeaux dans un bain d’eau commune, et se servoient de cette eau pour laver leurs fromages.

Mais les arbres exotiques, destinés à faire l’ornement des bois et des bosquets, ne doivent pas être l’objet unique de nos recherches et de celles de nos voyageurs ; ceux dans lesquels les arts peuvent rencontrer quelques ressources, sont dignes aussi de leur attention. Déjà Michaux fils, vient d’informer la classe des sciences physiques et mathématiques de l’institut, que les habitans des contrées de l’Amérique septentrionale qu’il visite, font un très-grand usage de l’écorce du quercus tinctoria, parce qu’elle donne plus facilement sa couleur jaune, que la gaude qui exige l’emploi de l’eau bouillante. À la vérité, il est toujours fâcheux que ce soit dans l’écorce des arbres qu’on cherche des matériaux pour la teinture, puisque c’est aux dépens de leur existence qu’on les en dépouille. Il faut donc mieux faire servir à cet objet les plantes annuelles, bisannuelles, les feuilles, les fleurs et les fruits.