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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/513

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impossible d’y renouveler l’air suffisamment. Nous ne sommes pas de son avis à ce sujet ; d’abord, parce que nous sommes parvenus à leur ôter ce défaut au moyen de créneaux ou barbacanes convenablement placés, et ensuite, parce que nos hivers sont en général trop rudes, pour permettre de laisser les brebis mères et leurs agneaux, pour ainsi dire en plein air, pendant cette saison rigoureuse. Nous avons donné les détails du jeu de ces barbacanes dans notre Mémoire sur l’art de perfectionner les constructions rurales[1].

Quant aux bergeries supplémentaires, elles seront avantageusement et économiquement placées dans l’enclos des meules ; on les construira toujours en appentis, le long des murs de cet enclos, avec une sortie sur la cour même de la ferme. Pour les rendre propres à la fabrication des fumiers, on garnira les entre-deux des poteaux d’un mur de trois à cinq décimètres (un pied à dix-huit pouces) de hauteur au dessus de leur pavé en y conservant seulement le nombre d’entrées nécessaires pour que les appentis puissent resserrer, pendant l’hiver, les charrettes, charrues, et autres instrumens aratoires.

Les dimensions des bergeries doivent être calculées d’après le nombre des bêtes à laine qu’elles doivent contenir. Chaque bête a laine tient un espace d’environ seize décimètres carrés (cinq pieds carrés.) Il faudroit donc se procurer en surface, dans une bergerie, autant de fois seize décimètres carres que l’on voudroit y loger de moutons ; mais, comme il faut en proportionner la largeur de manière qu’il n’y ait point de place de perdue après la position des crèches, c’est d’après d’autres données qu’il faut fixer les dimensions des bergeries.

Les bergeries sont simples ou doubles.

On les appelle simples, lorsqu’elles ne présentent que deux rangs de crèches placées le long des murs de côtière, ou adossées dans le milieu des bergeries.

On les nomme bergeries doubles, lorsque leur largeur est assez grande pour pouvoir y placer quatre rangs de crèches, dont deux rangs adossés dans leur milieu, et un rang le long de chaque mur de côtière,

D’un autre côté, l’expérience apprend qu’une bête à laine tient, en mangeant à la crèche, une place d’environ un tiers de mètre de largeur.

Ainsi, en donnant aux bergeries simples une largeur de quatre mètres, (douze pieds) et celle de sept mètres un tiers (vingt-deux pieds) aux bergeries doubles, ces largeurs seront suffisantes pour y établir les crèches sans aucune perte de terrain. Leur longueur se calculera à raison d’un pied de longueur de crèche par bête à laine qu’elles devront contenir.

Nous observerons que, dans la construction ordinaire des bergeries, il est impossible de placer, dans les greniers qui sont au dessus, les fourrages nécessaires à la nourriture des bêtes à laine, parce que la forte transpiration de ces animaux pénètre jusque dans les greniers, et donne aux fourrages qu’on y resserre une odeur forte qui répugne invinciblement à ces bestiaux.

Mais, en construisant les bergeries en bergeries ouvertes, en y établissant, comme nous l’avons fait, un ventilateur qui renouvelle continuellement leur air intérieur, en plafonnant leur plancher, et en aérant convenablement leurs greniers, nous sommes parvenus à rendre ces greniers aussi sains, et le service de ces bergeries aussi commode et aussi

  1. La Société d’Agriculture du département de la Seine a ordonné l’impression de ce Mémoire que l’on trouvera chez Madame Huzard, imprimeur-libraire, rue de l’Éperon.