Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/538

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

placées de manière qu’en acculant la voiture à la fenêtre de la vinée qui donne sur la cour, et en plaçant des madriers qui portent sur l’appui de cette fenêtre et sur la galerie des cuves, on peut conduire le plus directement, dans le moins de temps et avec le moins de monde possible, la vendange dans les cuves.

Le pressoir est aussi avantageusement disposé, pour que la vendange destinée à faire des vins blancs y arrive le plus directement et le plus commodément qu’il est possible. Le pressoir est d’ailleurs à portée de la vinée, à laquelle il communique directement, pour transporter le marc des vins rouges sur ce pressoir. Il est également à la portée du cellier, avec lequel il est de plain pied, pour le transport des vins de pressurage.

Par la description que nous venons de donner, on voit que la disposition des différentes pièces du vendangeoir est telle, que le propriétaire peut à tous momens, et sans sortir dans sa cour, aller inspecter les cuves ; qu’elles sont placées le plus commodément possible pour recevoir la vendange, pour le transport de la mère-goutte dans le cellier, pour celui du marc sur le pressoir et celui du vin de pressurage dans le cellier ; et que le propriétaire, se plaçant à la porte de communication de la vinée au pressoir, peut inspecter à la fois tout ce qui se passe dans ces trois pièces, et empêcher par sa présence les abus que se permettent trop souvent les vignerons et autres hommes employés à la fabrication du vin.

Les vins de notre vendangeoir étant soutirés, on les encave par la vinée qui est de plain pied avec le premier palier de la descente de cave.

Ces caves sont d’ailleurs assez spacieuses pour pouvoir y conserver deux ou trois récoltes, et permettre au propriétaire d’attendre le moment le plus favorable pour la vente de ses vins.


Deuxième Partie. Moyens de construire, avec économie et solidité, les bâtimens ruraux dans les différentes localités, suivant la qualité et la, nature des matériaux que l’on a à sa disposition.


Section Première. Économie dans les constructions rurales. Par cette expression économie, nous entendons celle que tout homme sage désireroit voir présider à toutes les constructions en général ; et nous sommes bien éloignés de la confondre avec la parcimonie dans leur exécution.

C’est l’économie bien entendue que nous invoquons ici : elle seule sait allier la solidité avec l’agrément des formes. Elle n’est point ennemie des ornemens, mais elle ne les admet qu’avec réserve et convenance. Elle rejette avec dédain tout superflu ; et, avec les ressources de l’art, elle se contente du mérite solide, mais modeste, d’employer les moyens les moins dispendieux pour remplir le but proposé.

Tout le nécessaire et point de superflu, est la maxime qu’il faut particulièrement admettre dans les constructions rurales. L’amélioration de la culture exige de grands capitaux : les facultés des propriétaires sont plus bornées que jamais, à cause du renchérissement excessif de la main-d’œuvre, et des frais de construction et d’entretien ; toute dépense employée en superflu seroit donc en diminution sur le nécessaire.

Un propriétaire doit donc apporter cette économie, d’abord sur l’ensemble des bâtimens qui doivent composer sa ferme, ou qui la composent actuellement, si elle est anciennement construite, et ne lui laisser que ceux qui sont strictement nécessaires pour les besoins de son exploitation ; ensuite,