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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/544

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en tuiles sont les moins dispendieuses ; dans d’autres, ce sont les couvertures en ardoises, en pierres ardoisines, en laves, en bardeaux ; (planches) enfin, dans une grande partie de la France, la demeure du pauvre est en joncs, en paille, ou même en chaume. C’est au propriétaire intelligent, et économe, à choisir, parmi ces différens matériaux disponibles, ceux qui pourront le mieux convenir à la destination de ses bâtimens. Il doit cependant se faire un devoir de ne jamais employer de couvertures combustibles sur tous les bâtimens exposés au danger des incendies. Quant aux autres, leur couverture peut être plus économique, si toutefois il y a de l’économie à faire des couvertures en paille, ou en chaume, qu’il faut renouveler très souvent ; car, dans beaucoup de localités, l’économie se trouvera, en définitif, dans la couverture la plus solide.

Section III. Entretien annuel des bâtimens ruraux. Avec quelque solidité que l’on construise les bâtimens ruraux, les constructions ne pourroient être de longue durée, si un entretien annuel et scrupuleux ne les préservoit des lentes injures du temps : tel est le décret porté par la Providence sur les travaux des hommes.

L’humidité et la gelée sont les destructeurs les plus actifs des constructions les plus solides : c’est donc de leurs atteintes qu’il faut les garantir pour les conserver plus long-temps.

L’art n’offre aucuns moyens de garantir les bâtimens de l’effet des grandes gelées ; mais, comme cet effet n’est désastreux que lorsqu’ils sont pénétrés par l’humidité, c’est donc principalement de l’humidité qu’il faut les préserver.

Pour y parvenir, il faut éloigner soigneusement toutes les eaux qui pourroient en approcher de trop près. À cet effet, on pratiquera dans leur contour extérieur des fossés de dimensions suffisantes pour contenir les eaux, avec une pente convenable pour leur prompt écoulement. Les revers de ces fossés seront placés du côté des murs.

De plus, on aura soin de donner aux toits des bâtimens une saillie suffisante pour que leur égoût ne puisse pas laver le pied de leurs murs.

C’est ordinairement cette dernière partie des bâtimens qui présente les premières dégradations, parce qu’à l’humidité que son voisinage du terrain sur lequel ils sont assis lui donne, elle reçoit encore les éclaboussures de l’égoût des toits. Il faut réparer ces dégradations aussitôt qu’elles sont aperçues : sans cette attention, l’intérieur des murs se trouve bientôt en contact immédiat avec l’air extérieur, et il devient alors susceptible d’être attaqué par les gelées.

L’intérieur des bâtimens demande aussi à être préservé de l’humidité. Leur salubrité, et la conservation des murs, des planchers et des bois, dépendent de cette précaution. L’humidité ne peut s’y introduire que par le pavé du rez-de-chaussée, s’il est établi au dessous du niveau du terrain environnant, ou par les couvertures, si elles ne sont pas exactement entretenues, et par les noues, les lucarnes, etc. C’est pour éviter cet inconvénient que nous conseillons d’établir le pavé du rez-de-chaussée au dessus du niveau du terrain environnant, d’entretenir soigneusement et annuellement les couvertures, et de supprimer les noues, les lucarnes, et les mansardes dans les combles des bâtimens ruraux.

Ces réparations annuelles ne sont jamais dispendieuses lorsqu’elles sont faites, pour ainsi dire, sur-le-champ ; elles préservent d’ailleurs les bâtimens de dégradations plus grandes : mais, si on les néglige pendant quelques années, elles peuvent devenir considérables, et