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même compromettre la solidité de l’édifice.

Ces entretiens annuels deviennent donc une véritable économie pour le propriétaire : nous lui conseillons de ne s’en rapporter à personne, pas même à ses fermiers, pour ordonner ces réparations, parce que lui seul a l’intérêt le plus particulier de tout voir, et de bien voir.

(De Perthuis.)


CONTRE-PIED, (Vénerie) Si les chiens courans, au lieu de suivre le gibier, vont du côté d’où il vient, ils prennent le contre-pied.


COQ (le grand) DE BRUYERE. (Tetrao urogallus Lin. Grand tétras de l’Histoire naturelle de Buffon. Oiseau du genre des tétras, dans l’ordre des gallinacées. (Voyez, l’article de la Caille, les caractères des gallinacées.)

Caractère du genre. Le bec conique, courbé et un peu voûté ; une tache nue et chargée de papilles au dessus des yeux ; les pieds garnis de plumes.

La dénomination de tétras, que Guénau de Montbeillard a donnée à cet oiseau dans l’Histoire naturelle de Buffon, afin qu’on ne fût pas tenté de le regarder comme un coq sauvage, est formée du nom tetrao, son plus ancien nom latin, qu’il conserve encore en Esclavonie, où il s’appelle tétrez.

Au premier aspect, le grand coq de bruyère paroît tout noir ; mais en le regardant de près, on reconnoît qu’il a la tête et le cou cendrés et traversés par de petites lignes noirâtres, des raies à près semblables sur le croupion, du vert lustré sur le devant du cou, quelques taches blanches au ventre, une seule à chaque épaule, et une barre de la même couleur sur les ailes et la queue ; le bec est d’un gris sale, la plaque une qui surmonte les yeux, d’un rouge vif, et l’iris de l’œil de couleur noisette : tel est le mâle de cette espèce, aussi grand que le paon, mais plus gros dans toutes ses parties. Son poids ordinaire est de dix à douze livres. La femelle, plus petite que le mâle, a des teintes plus pâles et tirant sur l’orangé ; ces teintes l’ont fait distinguer en Lorraine par le nom de rousses jeunes mâles s’y appellent grianots.

Presque toutes es plumes du coq de bruyère sortent deux à deux du même tuyau, comme celles du coq de basse cour ; il relève les plumes de sa tête en aigrette, et celles de sa queue en éventail, de la même manière que le paon et le dindon.

Les fruits et les sommités des pins et des sapins, les glands, les baies de myrtille, de genièvre, etc., font la nourriture habituelle des coqs de bruyère ; ils la recherchent matin et soir dans les taillis, et pendant le jour ils se retirent dans l’épaisseur des forêts. Ils entrent en amour au commencement du printemps ; à cette époque ils se tiennent presque toujours perchés, au lieu qu’ils sont le plus souvent à terre dans les autres temps de l’année. Le mâle appelle les femelles par des cris répétés et retentissons ; transporté d’amour ou plutôt de convulsions amoureuses, il s’agite et prend toutes sortes de postures extraordinaires. Chaque femelle fécondée pond sur la terre nue ou à peine couverte de mousse, de huit à seize œufs blancs et marquetés de jaune ; elle les couve seule, et les petits ne la quittent point durant leur première année.

On a tenté en vain d’élever de très jeunes coqs de bruyère, soit en faisant éclore les œufs sous une poule, soit en confiant à cette mère d’emprunt une famille naissante. Malgré tous ses soins et ceux que l’on peut y joindre, les petits coqs de bruyère périssent bientôt ; tant cette espèce solitaire et sauvage redoute la contrainte et la captivité !

Les aigles et les autres grands oiseaux