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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/563

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offrir de grands avantages qu’auprès des villes populeuses. Le cresson n’est pas d’une consommation assez générale pour que, dans toute autre circonstance, on puisse en trouver un débit suffisant, et retirer de cette culture les bénéfices lucratifs qu’on a lieu de se promettre. Au surplus, l’on pourra se borner à l’établissement d’une petite cressonnière, lorsqu’on n’aura en vue que sa propre consommation, ou celle d’un marché peu considérable.

Lorsqu’on aura choisi un terrain d’après les indications que nous venons de donner, on le divisera alternativement en plates-bandes, et en canaux destinés à la culture du cresson. Les plates-bandes seront réservées pour la culture des légumes : celles-ci auront de trois à six mètres de large (dix ou vingt pieds.) On donnera aux canaux deux mètres (sept à huit pieds) de large ; ces proportions peuvent varier sans inconvénient. Lorsqu’on aura à sa disposition un terrain d’une certaine étendue, il vaudra mieux alors former des plates-bandes plus larges. Le terrain qu’elles occuperont sera très-propre à la culture des légumes et même des arbres. Il sera tenu dans un bon état de fraîcheur par l’eau qui coule dans les canaux ; et il sera facile de le fumer avec la vase, ou les débris des végétaux qu’on retire de la cressonnière. On ne sauroit déterminer la longueur que doivent avoir les canaux ; cela dépend de l’abondance des eaux, de l’inclinaison et de la conformation du terrain, etc. La chose est d’ailleurs indifférente, et chacun doit suivre en cela son goût et ses convenances. Si la pente est trop considérable pour qu’on puisse former sur le même plant la quantité nécessaire à la culture qu’on se propose d’entreprendre, on en établira de nouveaux à la suite du premier terrain, de manière qu’ils soient voisins, et que l’eau passe des uns aux autres. Il importe au succès d’une cressonnière que l’eau soit assez abondante, non seulement pour remplir les canaux à la hauteur que nous indiquerons, mais il faut en outre qu’elle soit toujours sans mouvement : c’est pour cette raison que l’étendue d’une cressonnière doit être proportionnée à la quantité d’eau disponible.

Lorsqu’on aura disposé le terrain, et qu’on l’aura divisé de la manière indiquée, on procédera au creusement des canaux. On enlèvera la terre à la profondeur de cinq à six décimètres, (un pied et demi à deux pieds) de manière que lorsque les canaux seront formés, et qu’on les aura remplis, l’eau ait, à peu de chose près, cette même profondeur. Les terres qu’on retirera de l’excavation des fossés seront jetées sur les plates-bandes, si elles sont d’une bonne qualité, ou bien transportées ailleurs, si on leur trouve une destination plus avantageuse. On ménagera une pente insensible aux canaux, afin que l’eau puisse trouver un écoulement ; si elle restoit stagnante, ou qu’elle s’écoulât trop lentement, elle seroit sujette à geler, ce qui non seulement arrêteroit la croissance du cresson, mais encore occasionneroit sa perte.

On doit creuser un canal de conduite qui passera à angle droit le long de la partie supérieure des canaux ; il servira a conduire les eaux, et à faciliter leur distribution.

Si le terrain dans lequel on a creusé les canaux est entièrement composé de sable, ou de petits cailloux, il sera avantageux de répandre sur le fond des canaux une couche de bonne terre, épaisse de seize centimètres (un demi-pied.) Alors on augmentera la profondeur des canaux dans la même proportion.

On suit, en Normandie, une méthode diamétralement opposée. On répand sur le sol quelques pouces de gravier ; et