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chaque fois qu’on renouvelle la plantation, on balaie ce gravier pour en enlever la vase. La méthode allemande doit être préférée comme étant plus favorable à la végétation, ainsi qu’il sera expliqué plus bas.

Après avoir ainsi préparé le terrain, on introduit l’eau ; et au bout de quelques heures, lorsque la terre a été suffisamment humectée, on applanit les inégalités qui peuvent se trouver au fond du canal. Pour exécuter cette opération, on se sert d’un râteau fait avec une forte planche taillée en biseau à ses deux extrémités, longue de vingt-cinq centimètres (deux pieds) et large de treize centimètres (cinq pouces ;) le manche doit être long, et fixé obliquement sur la planche, afin que le râteau ait une grande solidité. Un ouvrier, armé de cet instrument, entre dans le canal, et égalise les proéminences qu’il apperçoit sur le sol. Il doit commencer son travail par la partie supérieure du canal, là où l’eau est introduite, et le continuer en reculant, de manière que le courant d’eau claire se porte en face de lui, et entraîne l’eau qui se trouble par le mouvement du râteau. L’ouvrier peut ainsi voir à travers l’eau le fond du canal, et exécuter l’ouvrage avec plus de facilité et d’exactitude. Lorsqu’il est parvenu à l’extrémité inférieure du canal, il recommence la même opération, s’il juge qu’elle n’ait pas été bien exécutée dès la première fois. On laissera sans culture sur les bords des canaux, le long des plates-bandes, un espace de terrain large de six décimètres, (deux pieds) plus ou moins. Ce terrain formera un gazon, et servira d’allée, et d’emplacement pour le dépôt du cresson qu’on retirera des canaux ; il affermira les bords de l’eau et en empêchera la dégradation.

On peut propager le cresson de deux manières ; ou de semence, ou de plantation. Dans le premier cas, on forme des pépinières où l’on sème le cresson, et on le transplante lorsqu’il est près d’atteindre toute sa croissance. On répand la semence dans la vase, et après l’espace d’un ou deux jours, on introduit l’eau dans la pépinière, ayant soin de la faire couler lentement, afin que les semences ne soient pas entraînées par le courant. On récolte les semences dans le mois de mai, lorsque les capsules commencent à jaunir. On les fait sécher au soleil, on les bat, et on les nettoie. Cette méthode de propagation est peu usitée, par la raison qu’elle fait perdre du temps, et que l’on obtient alors une récolte plus tardive et moins abondante. Elle ne doit être pratiquée que dans le cas où l’on pourroit se procurer du plant, soit dans des cressonnières déjà établies, soit dans les endroits qui le produisent naturellement.

La seconde méthode, qui est la seule usitée en Allemagne, consiste à propager le cresson par la plantation. L’époque que l’on choisit pour ce travail est le mois de mars ou d’août. On emploie les pieds de cresson avec leurs racines, ou bien les tiges qu’on a coupées à la longueur de trois décimètres et demi (un pied.) Cette plante pousse, aux aisselles des feuilles, de petits filamens blancs qui prennent racines dans la vase, et lui procurent une prompte croissance ; on peut même employer le cresson tel qu’on le vend sur les marchés, pourvu qu’il soit nouvellement coupé, et qu’il ait les filamens dont nous venons de parler.

Lorsqu’on a arraché le cresson, il faut avoir soin d’en séparer les plantes qui croissent conjointement avec lui, et qui s’entrelacent avec ses tiges et ses racines. Si l’on négligeoit de faire ce triage, les plantes parasites prendroient racine, et nuiroient considérablement à sa végétation.

Pour faire la plantation, on prend de petites poignées de cresson ; on enve-