Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/565

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loppe la base des tiges ou des racines avec de la terre humectée, et on les plonge dans la vase de la cressonnière, à la distance de quinze centimètres (dix pouces.)

Après que cette opération est terminée, on conduit l’eau dans les canaux, et on la tient à la hauteur où elle doit se trouver habituellement.

Le cresson prend racine au bout de trois ou quatre jours ; il s’élève au dessus de l’eau ; il pousse des tiges et des feuilles ; et, peu de temps après, la cressonnière se couvre d’un tapis de verdure,

Lorsqu’on ne pourra pas se procurer une assez grande quantité de cresson pour faire une plantation, ainsi que nous venons de le dire, il faudra alors laisser un plus grand espace entre chaque pied, et ne point couper de cresson la première année, afin que ses semences puissent parvenir à maturité. Elles teintent dans l’eau, et elles produisent de nouveaux plants qui garnissent les espaces vides.

Lorsque la gelée a détruit une cressonnière, on arrache avec un râteau les plants qui ont péri, et on les renouvelle en totalité, en préparant le terrain, et eu replantant ainsi que nous venons de le dire. On prend, dans ce cas, le cresson qui croît à la source des fontaines. L’eau conserve, au sortir de terre, assez de chaleur pour empêcher que le cresson ne gèle.

Quelques cultivateurs garnissent les places vides qui se trouvent dans les cressonnières, ou même les renouvellent en totalité, en jetant sur l’eau les fleurs de cresson, lorsqu’elles sont sur le point de parvenir à leur parfaite maturité ; elles gagnent le fond, et reproduisent de nouveaux pieds ; mais cette pratique ne peut avoir lieu qu’au mois de juillet, époque à laquelle les semences de cresson mûrissent.

Une cressonnière dure long-temps, et donne d’abondans produits, non dans la première année de sa plantation, mais dans les suivantes. On doit la renouveler lorsqu’on s’aperçoit qu’elle dépérit : alors, on arrache toutes les racines, qu’on entraîne à l’extrémité inférieure avec un râteau à dents ; on nivelle le fond, et l’on égalise les bords des canaux. Les débris des végétaux enlevés de la cressonnière sont entassés, avec la vase, dans un coin des plates-bandes ; et ils donnent un excellent engrais, lorsqu’ils ont fermenté ainsi pendant une année.

Lorsqu’on a planté une cressonnière, il est nécessaire d’y répandre du fumier ; l’on obtient alors des récoltes plus abondantes : cet engrais doit être renouvelé chaque année. On se sert de fumier de vaches, ou de moutons, bien consommé : on répand aussi, à défaut de fumier, de la bonne terre passée à la claie. Quelques jardiniers furent après chaque coupe : cette méthode doit être suivie ; car on a reconnu que, lorsque le cresson n’étoit pas fumé, il croissoit plus rapidement ; il produisoit moins de tiges et de feuilles ; que sa floraison étoit plus hâtive, et qu’alors il devenoit inutile comme aliment. Si on le fume, il est plus tendre, et a plus de saveur. D’ailleurs, l’arrosement épuise la terre ; il est donc nécessaire de renouveler les principes qui lui donnent la fécondité.

Lorsqu’une cressonnière est en pleine végétation, il faut arracher les herbes parasites qui s’empareroient du terrain, et parviendroient insensiblement à détruire les plants de cresson. Ces herbes sont principalement le cresson des prés ; (cardamine amara L.) la berle nodiflore ; (sium nodiflorum L.) la denticule rameuse ; (lemna trisulca L.) la véronique cresson née ; (veronica beccabunga L.) et autres plantes semblables. On doit chercher à la main leurs racines, et les enlever hors de la vase. La lenti-