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ceux où le sol reste couvert d’eau partie de l’hiver.

Toute opération rurale, comme toute affaire de commerce, doit finir par un bordereau en recette, dépense, produit. Cependant il ne faut jamais perdre de vue que rien n’est ruineux comme les fausses économies en agriculture. C’est pour cela qu’il faut bien calculer avant d’entreprendre.

Supposons maintenant les données précédentes résolues ; supposons que le dessèchement soit juge utile, il faut alors s’assurer des moyens de l’exécuter, et, pour cela, deux choses sont nécessaires :

De l’argent, et des bras.

Il faut encore savoir bien employer l’un et l’autre.

Il est rare qu’un vaste terrain appartienne à un seul propriétaire, ou qu’il puisse en entreprendre le dessèchement avec ses propres moyens. Presque toujours il se forme des associations ou sociétés de dessécheurs qui sont ensuite chargées de l’entretien des travaux.

Il importe infiniment de bien régler ces actes d’association, soit pour l’administration générale, soit pour les intérêts des actionnaires.

Je proposerai quelques idées sur les règlemens nécessaires aux sociétés de des sécheurs, de dessèchement, à l’article Société de dessèchemens. Cet article (qui ne touchera en rien à la législation générale) est de la plus grande importance pour prévenir, d’interminables difficultés qui amènent la ruine de l’entreprise et son abandon.

Enfin, il s’agit de mettre la main à l’œuvre.

Première Observation préalable. Il faut, avant tout, bien examiner le terrain, le parcourir plusieurs fois, l’apprendre, si j’ose ainsi parler, par cœur en bien étudier les pentes, faire un nivellement, général, (que l’eau rend toujours facile) sur-tout s’assurer des parties les plus basses. Je connois des dessèchemens manqués, parce qu’ils renferment des terrains dont les eaux ne peuvent s’écouler par les canaux dont le niveau est trop élevé. C’est une grande faute, la plus irréparable de toutes, parce qu’on ne peut y remédier qu’à l’aide de machines dispendieuses, telles que les pompes à feu, les moulins ou polders hollandais, les vis d’Archimède, etc.

Deuxième Observation. La surface du terrain bien étudiée, il faut se hâter de le sonder, pour connoître la nature des couches de terre inférieure ; car on ne contient pas les eaux antérieures avec des sables, des pierres calcaires, il faut nécessairement trouver des terres argileuses, pour en former des digues. Tous les terrains inondés offrent de l’argile, sans cela, ils ne seroient pas couverts d’eau ; mais il faut s’assurer de leur profondeur, pour y appuyer les digues ou levées. Souvent les bords des marais inondés, qui touchent aux terrains non mouillés, n’offrent point d’argile. Il faut bien se garder d’y poser des digues. Il vaut mieux les descendre dans le marais et laisser des terrains en dehors, dût-on les abandonner aux eaux, ce qui rarement est nécessaire.

Troisième Observation préalable. Nous supposons maintenant le terrain, sa nature, ses pentes, bien connus ; il faut encore s’assurer si on peut conduire les eaux dans des bassins naturels, tels que la mer, une rivière, un lac, un étang ; enfin, si l’on possède ou si l’on peut acquérir le terrain nécessaire pour creuser les canaux qui doivent y porter les eaux. Il existe presque par-tout de ces bassins inférieurs destines à recevoir les eaux supérieures. La nature, qui fit la terre pour l’homme, la disposa de manière qu’il pût toujours rendre son domaine utile, même l’embellir ; et si elle a exigé qu’il y employât ses forces et son