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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/574

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intelligence, c’est un nouveau bienfait. Elle a voulu lui réserver par-là de grandes jouissances, en faire son collaborateur, l’associer à une seconde création.

C’est un dédommagement que j’ose promettre à ceux qui ne seront pas effrayés de l’aridité de ces détails. Mais ici il ne faut rien négliger ; l’eau est, comme le feu, un ennemi qui profite de la plus légère faute pour tout envahir. L’ouvrage de cent ans périt dans un moment.

Enfin, tous nos élémens sont rassemblés, nos connoissances préliminaires sont acquises ; il faut opérer. Il faut,

Contenir les eaux extérieures ;

Vider les eaux intérieures ;

Je traiterai, dans deux chapitres séparés, ces deux objets. Je tâcherai de mettre, dans cette discussion, le même ordre qu’il faudra mettre dans les travaux.

CHAPITRE PREMIER.


Moyens de contenir les eaux extérieures.


Avant tout, il faut contenir les procès, plus dangereux que les eaux. Il est donc des formalités à remplir. Voyez à l’article Dessèchemens. (Société de)

On ne peut contenir les eaux extérieures que par des ouvrages d’art, des digues faites soit avec des terres, soit en maçonnerie. Il est rare qu’on soit obligé de recourir à ces derniers travaux, plus rare encore que le produit vaille la dépense ; mais, comme ces sortes d’ouvrages ne sont pas à la portée de l’agriculteur, pour qui seul j’écris, je le renvoie à son entrepreneur, en lui conseillant de bien calculer avec lui, avant de rien entreprendre.

Il ne s’agira ici que des ouvrages qu’on peut exécuter avec les moyens qu’offre le terrain à dessécher.

Digues, chaussées, levées. Pour contenir les eaux extérieures nous élèverons des digues en terre, nous nous rappellerons qu’il faut que leur base ou pied porte ou sur l’argile, ou sur un banc calcaire imperméable à l’eau ; car, si elle filtroit par-dessous les levées, on les élèveroit inutilement à la plus grande hauteur.

Les levées maintenant bien fondées, il faut examiner quels matériaux la nature offre pour les construire et les élever.

Nous avons déjà dit que, si le sol n’offroit qu’un sable cru ou des pierres, il seroit impossible d’en former des levées qui continssent les eaux.

Heureusement ce cas est très-rare dans les marais inondés ; on ose même dire qu’il n’arrive jamais, quand on veut descendre dans le marais, et sacrifier quelques terres hors des levées.

Cependant, si l’on ne rencontre que des sables ou des terrains calcaires, pourvu qu’ils soient mêlés de terre végétale, il ne faut pas désespérer du succès, il faut que l’industrie vienne au secours de la nature ; il faut élever les chaussées, y planter des arbres, des arbrisseaux, des tamariscs, semer des gazons… Bientôt les racines entrelacées consolident le terrain ; les feuilles pourries, les débris des plantes, des insectes qui les habitoient, les pluies fécondes, les influences de l’atmosphère, couvrent les digues de terre végétale et de gazon qui arrêtent les eaux. Mais il faut tenter quelques essais avant de travailler en grand ; car ici la seule expérience peut prononcer définitivement. Tout le reste n’est que présomption plus ou moins fondée. Si l’on parvient à défendre un demi-hectare des eaux, on réussira sur cent mille hectares.

Bardelages, enveloppes en roseaux. Ces sortes de digues, faites avec des terres végétales, sont peu solides, les premières années. L’eau les attaque facilement jusqu’à ce qu’elles soient bien gazonnées. Il est une manière ingé-