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nal est une pièce de bois à demeure qui forme la sole entre les culées.

Au dessus des culées et du canal, on place une seconde pièce de bois qui traverse le canal, mais qui ne doit pas être d’aplomb sur la première, comme on le verra.

Quand le canal est trop large, on place au milieu une pile ou culée en bois, qui se fixe dans la pièce du fond, et est retenue par celle du haut. Cette pièce mobile se place ou s’enlève à volonté ; elle a deux rainures parallèles à celles des culées en pierres, et qui reçoivent les poutrelles dont on va parler.

Des pièces de bois légères ou poutrelles bien équarries, de longueur suffisante, descendent dans les rainures ou coulisses ; chacune porte un ou deux anneaux de fer. On les multiplie suivant le besoin.

Voici le mécanisme de cette construction. On descend une première poutrelle, elle va se ranger sur la pièce de fond ou sole ; on en descend une seconde, elle porte sur la première ; ainsi de suite pour la troisième, quatrième, etc.

On peut poser et enlever ces poutrelles une à une par le moyen d’un crochet de fer ; une simple corde ou chaîne les retient par un bout, et le courant les chasse et va les ranger sur les bords du canal. Veut-on les reposer ? on les tire par le bout non fixé ; on les glisse dans les coulisses une à une. On peut les y fixer par un coin, pour que l’eau ne les enlève pas ; on les manie aisément, parce que, par le moyen de la culée en bois, elles n’ont jamais une grande longueur.

Rien de plus simple que celle machine. Voici ses effets.

Si l’on, veut laisser courir l’eau supérieure, on enlève une, deux, trois poutrelles. Veut-on la ralentir ? on repose la poutrelle ; l’arrêter entièrement ? on les replace toutes ; et, comme elles se présentent l’une sur l’autre, que l’eau fait gonfler le bois, il en résulte une vanne totale qui laisse échapper très-peu d’eau.

Tels sont les conseils que je puis donner aux propriétaires des marais inondés ou fatigués par les eaux. J’ose croire qu’en les suivant ils tireront un parti avantageux de propriétés qui ne leur offrent aujourd’hui que des dangers pour leur existence et celle de leurs voisins. Je n’ai décrit que des travaux et des opérations dont j’ai une longue expérience, et que j’ai moi-même pratiqués. À l’article Marais, (culture des,) j’indiquerai celle qui est la plus convenable aux différens genres de terrains plus ou moins tenaces et argileux.

On a dû voir que les travaux d’un dessèchement exigent quelques efforts, quelques dépenses, ils offrent aussi un grand intérêt ; c’est une véritable conquête faite par le génie de l’homme sur la terre et les eaux en même temps.

Rien n’est plus intéressant que l’aspect d’un dessèchement bien entrepris.

Dans un corps humain bien constitué, le volume des vaisseaux est toujours proportionné à la masse du sang ; il circule avec facilité dans les veines, les artères, et va du cœur aux extrémités, des extrémités aux poumons ; nulle pléthore, nul engorgement, toute la machine est animée, tout agit, tout se meut, tout respire la vie. Voilà l’image d’un dessèchement bien entrepris.

Un corps cacochime et souffrant, où les fluides circulent à peine, dont les mouvemens s’exécutent lentement, péniblement, où tout annonce la souffrance de l’individu et le délabrement de la machine, nous donne l’idée d’un dessèchement mal conçu, mal exécuté.

Société de dessèchemens. Règlement et statuts nécessaires pour les associations de dessèchement. Les grandes entreprises de dessèchement ne peuvent être faites que par une réunion