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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/598

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On sait qu’avant l’apparition du rouge, c’est-à-dire avant d’avoir atteint l’âge de deux à trois mois, les poussins sont si délicats, que la moindre lésion qu’ils éprouvent devient mortelle. Comment donc résisteroient-ils à l’opération la plus douloureuse que la nature puisse supporter ? Passé cette époque, on ignore si l’opération seroit heureuse. C’est à l’expérience à résoudre ce problème. Plusieurs fermières intelligentes doivent s’en occuper.

Nous observerons, en attendant leurs résultats, qu’une ménagère très-instruite dans l’art de chaponner les oiseaux de basse-cour, l’a tentée plusieurs fois sans pouvoir y réussir ; que cet oiseau est très-grand ; que les doigts ne sauroient atteindre les rognons sans faire une grande ouverture, et par conséquent une large plaie. Naturellement gloutons, ils s’engraissent facilement avec toute espèce de nourriture donnée abondamment, sans qu’il soit nécessaire de recourir à une opération facilement praticable pour le poulet, et qui ne peut s’exécuter sans danger pour le dindon.

Ennemis des dindons. La vesce, les pois carrés, l’ers, sont un poison pour les poussins d’Inde ; et si, dans leur pâtée, on fait entrer une surabondance de laitue, l’usage immodéré de cette plante les relâche. Or, pour peu qu’ils soient dévoyés, c’en est fait d’eux ; aucun remède ne les garantit de la mort. Il faut donc s’attachera leur administrer de préférence les herbes aromatiques, plus propres à les échauffer qu’à les rafraîchir.

Il existe aussi dans les champs quelques plantes préjudiciables à la santé des dindons, et qui sont de même pour les canards et les oies un véritable poison ; telles sont la jusquiame, la grande digitale à fleurs bleues, la ciguë ; ces plantes devroient être indiquées aux conducteurs des troupeaux, — pour les arracher par-tout où ils ont coutume de les mener paître.

Les bêtes fauves mangent les poules, et les pies aiment leurs œufs de passion. Dans le voisinage des bois, on a aussi à craindre la fouine, le putois et les animaux de cette espèce ; il faut prendre garde aussi aux limaces, aux limaçons et aux sauterelles, dont les dindons sont fort avides ; il paroît que quand ils en mangent à discrétion, ils leur causent le flux de ventre, dont ils meurent.

La pluie est le plus mortel ennemi des poulets d’Inde ; s’ils en ont été atteints, on les essuie les uns après les autres, et on leur souffle du vin chaud sur le dos et sur les ailes. Le grand soleil, les brouillards leur occasionnent encore d’autres accidens. (Parm.)


DISTILLATION, (Addition.) Tout ce qui a été dit à l’article Distillation, étant suffisant pour mettre au fait de cet art ceux qui désirent en apprendre la pratique, nous nous bornerons à faire connoître ce qu’il a gagné en perfection depuis quelques années ; nous y ajouterons aussi les observations qui nous sont particulières, et nous indiquerons les changemens que l’expérience nous a démontré nécessaires de faire dans la forme des chaudières, et dans la construction des fourneaux.

On ne peut se dissimuler que notre manière de distiller les vins en France n’est pas à beaucoup près, arrivée au degré de perfection où certains peuples de l’Europe ont porté cet art.

Les améliorations qui ont eu lieu depuis quelques années, dans les ateliers de distillation, en Écosse, doivent sur-tout exciter l’étonnement des hommes instruits de tous les pays. En effet, n’est-il pas surprenant de voir que ce peuple industrieux, qui, le premier, avoit trouvé le moyen de vider son alambic cinq à six fois en vingt-quatre heures, soit ensuite