Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/61

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l’établissement, mais même fournira les moyens de faire des bonifications en défrichemens, dessèchemens et plantations de domaines nationaux[1] ;

3°. Cet établissement diminuera les dépenses de l’État, en le déchargeant d’un grand nombre d’enfans orphelins qui, élevés dans ces fermes, deviendront des hommes utiles, en restituant

  1. De toutes les manières de propager les objets d’économie rurale, celle de la vente aux enchères est la plus propre à les multiplier et à les conserver. L’expérience a prouvé que les animaux et les végétaux répandus par la munificence royale, sous l’ancien régime, n’ont été d’aucun profit pour l’agriculture, et le plus souvent pour ceux mêmes auxquels ils étoient donnés, tandis que les animaux vendus chèrement sous les gouvernemens directorial et consulaire, ont été très-avantageux aux agriculteurs, et, par conséquent, aux progrès de l’agriculture. La raison en est simple ; on attache, en général, moins de prix aux choses données qu’à celles qui ont coûté de l’argent. D’ailleurs, les hommes qui obtiennent de la faveur, sont rarement des agriculteurs de profession. Ils sont donc obligés de se reposer sur des mercenaires, du soin de faire prospérer les fruits de leurs sollicitations, et il est aisé d’apprécier la valeur de ces soins, sur-tout en agriculture ; au lieu que le propriétaire qui achète est presque toujours le directeur ou le premier moteur de son exploitation. Les ventes de Rambouillet ont prouvé que la plus grande partie des acquéreurs, en ce genre, sont, ou des propriétaires qui font eux-mêmes valoir leurs biens, ou des fermiers qui veulent améliorer leurs troupeaux. Les uns et les autres prennent alors d’autant plus de soin des objets par eux acquis, qu’ils leur ont coûté plus cher.

    Une autre considération purement morale, c’est qu’il n’est pas juste de donner à quelques uns ce qui a été acquis aux dépens de tous, et ce qui est la propriété commune de tous les contribuables. Or, comme il est impossible de faire entr’eux un partage égal des objets, il est plus convenable de les distribuer aux établissemens publics, de les faire servir à bonifier les domaines nationaux, ou de les vendre au plus offrant, pour en employer le produit à de nouvelles spéculations utiles au bien public. C’est sur-tout dans la distribution des produits des pépinières nationales que ce principe devroit être suivi. Pourquoi faire cultiver aux frais de l’État de vastes pépinières dont les arbres sont donnés, presque tous, à des hommes riches qui sont en état de les acheter des cultivateurs ? C’est un tort réel qu’on fait à ceux-ci qui, non seulement paient l’impôt territorial, et ses accessoires, mais même le droit de patente, lequel doit leur assurer l’exercice entier de leur commerce. Il semble qu’ils auroient le droit de réclamer contre des éta-