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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/90

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leurs fers, les possesseurs de chevaux de selle, de luxe, qui demeurent quelquefois long-temps sans travailler, éviteroient ces dommages en faisant parer les pieds de leurs chevaux tous les trente ou quarante jours ; ils en retireroient de grands avantages par un service plus sûr et plus prolongé, et éviteroient, par ce soin, de perdre des animaux utiles.

On doit aussi abattre du pied aux animaux qu’on ne ferre pas, et dont la corne ne s’use point suffisamment par le frottement de corps durs. Les poulains paissant dans les prairies, les chevaux et les jumens, mis déferrés au vert dans des pâturages humides, contractent des difformités du pied considérables. Ils s’élargissent et s’éclatent même dans les terrains humides ; il faut abattre de la paroi aux talons et à la pince, et réitérer plus fréquemment ces soins sur les pieds larges et dans les terrains humides. (Chabert et Fromage.)


ABATTURE. Ce mot a quelquefois, chez les forestiers, la même signification qu’abatis. Il désigne aussi l’action d’abattre les glands dans les forêts ; l’on dit faire une abatture de glands. Sonnini.


ABATTURES. En vénerie, on appelle ainsi les traces que laisse le passage d’une bête fauve dans les herbes, les broussailles et les taillis. Les abattures sont un des indices qui font connoître la taille, l’âge ou le sexe de la bête, et les chasseurs expérimentés ne s’y méprennent pas. Sonnini.


ABEILLES, (Économie rurale.) L’activité, l’industrie de ces précieux insectes, les riches produits de leur travail, tout concourt à appeler sur eux l’intérêt des naturalistes et des agriculteurs ; et cet intérêt a augmenté à mesure que l’on s’est plus familiarisé avec ce peuple, et qu’on a mieux connu les avantages que son éducation présente. Tel est aussi l’effet des ouvrages qui ont paru depuis vingt ans, sur cette matière ; en jetant un nouveau jour sur cette branche de l’économie rurale, ils ont amené de nouvelles découvertes ; le champ de l’expérience, incessamment cultivé, a fourni une moisson plus abondante d’observations et de faits.

Ainsi, la génération de ces insectes est mieux connue. Les moyens de les élever, de les nourrir, de les soigner dans leurs maladies, de recueillir leur jeune postérité, et de s’enrichir des trésors qu’elles ont amassés, ont été perfectionnés : on a remédié aux vices de leurs anciennes habitations qui sont remplacées par des logemens plus agréables et plus commodes ; on a mieux observé la substance propre dont se forment la cire et le miel ; on a simplifié leur fabrication, agrandi leurs produits, multiplié leurs objets d’emploi ; et ce sont là les découvertes qui, par leur utilité même, invoquent le supplément que nous entreprenons de donner à l’article Abeilles du Cours complet d’agriculture.

Génération Des Abeilles. Cet acte avoit semblé jusqu’ici couvert d’un voile impénétrable : on prêtoit aux abeilles une sorte de pudeur qui le rendoit invisible à tous les regards. Un groupe nombreux de neutres se rassembloit, disoit-on, autour de la reine, lorsqu’elle s’approchoit des bourdons, et formoit comme une espèce de rempart qui défendoit de tout œil indiscret le mystère intérieur de la fécondation : M. de Réaumur déclare même qu’il n’a jamais pu le découvrir, malgré les soins et l’attention avec lesquels il l’a constamment épié. D’autres, comparant la génération des abeilles à celle des poissons, assuroient qu’il n’y avoit pas d’accouplement, et que les œufs déposés dans les alvéoles par la reine étoient fécondés par une liqueur que les mâles alloient y répandre.