Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/101

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procédés consignés dans ce recueil, de tout ce que les anciens ont écrit en agriculture, paroissent inconnus des modernes ; il semble que le destin de l’agriculture ait été de décroître depuis quinze siècles, mais particulièrement depuis les Romains ; il suffit de lire Palladius, Columelle, et sur-tout Varron qui vivoit sous Auguste, et de considérer l’état actuel de cette science, pour se convaincre qu’elle a fait peu de progrès depuis ces illustres auteurs. Ainsi, l’art qui fut honoré par les grands hommes de l’antiquité n’a d’autres préceptes aujourd’hui que ceux que tiennent de leurs pères les laboureurs et les jardiniers ; on diroit qu’il a été condamne à l’oubli, depuis que les autres sciences fleurissent parmi nous, comme si les études qui ont pour objet de nourrir les hommes étoient indignes de l’attention des gouvernemens et des savans qui en font toute la gloire, en même temps qu’ils en sont les plus fermes appuis.

Ce n’est pas que je regarde les écrits des auteurs modernes comme des productions inutiles, je pense au contraire qu’il faut les consulter ; mais je voudrois qu’on consultât aussi les anciens avant de proclamer, ainsi qu’on le voit souvent, comme une découverte, des faits consignés dans les autorités les plus respectables en agriculture, ou quelquefois d’une pratique triviale chez les ouvriers de jardinage : c’est ainsi qu’on a vu annoncer de nos jours le procédé pour empêcher la coulure de la vigne, comme une découverte propre à un jardinier, honnête homme sans doute, mais étranger à la moindre érudition, à l’histoire de l’antique prospérité de la décadence et des progrès renaissans de l’agriculture ; et qu’on a vu aussi, ce qui étonne davantage, des hommes célèbres en agriculture consacrer cette erreur de tout l’ascendant de leur nom et proclamer avec enthousiasme comme une nouveauté ce qui est connu depuis deux mille ans. (Tollard aîné.)


FUMÉES, (Vénerie,) fiente des bêtes fauves. On juge de ces animaux par leurs fumées, depuis le printemps jusqu’au temps du rut. (S.)


FUMIGATION. Rozier s’étant apperçu que ce mot avoit été oublié, a profité de l’article Méphitisme pour présenter tous les avantages d’une pareille opération ; mais je crois utile d’en faire mention ici, et d’indiquer en même temps les différens accessoires qui peuvent en favoriser l’efficacité.

Les fumigations consistent dans des vapeurs ou odorantes, ou acides, ou sulfureuses, qu’on répand dans les lieux dont l’air infecté est insalubre pour la vie de l’homme et des animaux. Telles sont le vinaigre, les baies de genièvre, des plantes aromatiques, des matières résineuses que l’on met en expansion dans les hôpitaux, les prisons, les églises, les lieux obscurs trop peu aérés où se trouvent rassemblés beaucoup d’hommes, pour corriger les mauvaises impressions d’un air vicié sur l’économie animale.

Plusieurs écrits traitant des moyens de désinfecter l’air dans ces établissemens, nous ne nous en occuperons pas spécialement dans cet article ; mais nous allons examiner de quelle manière il est possible de rendre plus sain l’air que respirent les animaux dans les étables, les écuries, les bergeries, les toits à porcs, les poulaillers, les colombiers, etc. ; objet dont on s’est jusqu’à présent trop peu inquiété, quoique plusieurs maladies acquièrent un nouveau degré d’intensité par le concours de ces vapeurs fétides, et de cet air méphitique ou même contagieux dans lesquels croupissent les animaux.

Mais, comme les fumigations seules ne sauroient produire l’assainissement complet de l’air, comme elles ne font qu’ajouter quelquefois des vapeurs désagréables aux miasmes dont cet air est déjà