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En eaux stagnantes, lacs, étangs, mares, fontaines, terres inondées ;

En eaux souterraines, que l’art élève sur la surface du sol, et qu’il tire des puits, des sources, des citernes.

Il faut ajouter à cette nomenclature les eaux de l’atmosphère ou du ciel, que répandent les pluies, les brouillards, les rosées.

Laissons à la physique à connoître les causes qui produisent ces différentes eaux ; laissons à la chimie à en analyser les principes ; cherchons leurs effets, leur influence, leur utilité pour l’agriculture ; ce seul rapport en présente trois importans.

Les routes ou transports par eau des produits du sol, (la navigation intérieure et maritime) les irrigations et les arrosemens, enfin les assèchemens et les dessèchemens à faire ou à protéger par des travaux utiles et par des règlemens d’administration publique.

Ces différens objets sont traités aux mots : Eaux de la mer, Navigation intérieure, Irrigations, Dessèchemens, Assèchemens, Règlemens nécessaires aux Sociétés de Dessèchemens. (Voyez ces articles.)

On donnera quelques développemens à ces articles, sur-tout à celui des grands dessèchemens, parce que M. Rozier n’a parlé que de celui des prairies ou des pièces de terre de peu d’étendue, et non de ces grandes conceptions, de ces belles conquêtes que le génie de l’homme a faites sur les eaux ; telles que la Hollande, une partie de la Flandre maritime, et des départemens de l’Ouest et du Midi. En général, tout ce qui concerne le domaine des eaux, l’administration des eaux, est trop peu connu en France.

Si cependant il existoit (avant nos conquêtes) douze cent mille arpens à dessécher en France ; (Voyez Boucerf et la Nouvelle Encyclopédie) si le reste du territoire français peut retirer des avantages immenses d’une bonne administration des eaux, il ne sera ni inutile ni déplacé de suppléer à ce qui manque dans l’ouvrage de Rozier. Tel est l’objet qu’on s’est proposé dans ce Supplément.

Eaux de la mer. Quels sont les avantages que l’agriculture peut retirer des eaux de la mer ? En quoi peuvent-elles lui être nuisibles ? C’est ce qu’il convient d’examiner.

Il seroit inutile de répéter que la mer étant le lien qui unit tous les peuples, tous les continens, qui ouvre des routes promptes et faciles au commerce, favorise l’agriculture dont elle transporte en peu de temps les produits à des distances qu’il faudroit des années entières pour franchir par terre ; nous ne considérons ici les eaux de la mer que par leur action sur le sol et la végétation.

Les grandes masses des eaux de la mer nuisent à la végétation ; si elles séjournent trop long-temps sur le sol, elles le durcissent, elles y déposent des parties bitumineuses qui, en resserrant toutes les parties du sol, le rendent impénétrable aux instrumens d’agriculture, et s’opposent à toute végétation. Tel est le phénomène qu’offre une partie de la Flandre maritime dans le dessèchement appelé les Moëres.

C’est à l’homme, aidé de son industrie et des secours de la nature, qu’il appartient de vaincre ces difficultés.

Il est évident que, tant que l’eau de la mer séjourne sur ces terrains, il est impossible d’en tirer parti ; elles ne peuvent pas plus les pénétrer que le bassin le plus agilement construit.

Il faut donc commencer par faire écouler les eaux qui couvrent le sol par les moyens prescrits à l’article Dessèchemens, ensuite, il faut le rompre, soit à bras d’hommes, soit avec une forte charrue hollandaise ou flamande. Ainsi divisé, le terrain est livré à l’action de