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de symptômes autres que la tumeur et le flux. La formation de l’abcès suspend le flux qui se rétablit un peu ensuite. Ces deux évacuations s’épuisant par degrés, l’abcès sur-tout se termine par l’entière détuméfaction des parties environnantes, et la cure est parfaite. La gourme s’effectue de cette manière dans la plupart des chevaux qui sont entretenus dans un régime convenable, qui ont une bonne constitution, et c’est une raison pour qu’ils la conservent. Il y en a qui jettent ainsi leur gourme en travaillant ; d’autres qui ne sont arrêtés que quelques jours, et qui sont guéris au bout d’une quinzaine.

En général la gourme, qu’une inflammation modérée accompagne, peut être abandonnée à elle-même.

Cependant, dès le début, par prudence, séparez des malades les animaux sains chez lesquels il y auroit quelque disposition qui feroit craindre en eux l’invasion de la gourme.

On doit seulement, pendant la crise, tenir l’animal en repos, le placer dans un local où il respire un air pur et frais, lui mettre une couverture légère, le bouchonner avec soin deux fois le jour, lui donner de l’eau blanche à discrétion, et le promener par le beau temps.

La tumeur sous la ganache a été ouverte par la nature, où elle doit l’être par l’art. On ne doit ouvrir l’abcès qu’après que la fluctuation est bien établie, et que les parties environnantes sont détuméfiées. Si l’abcès est ouvert naturellement, et, comme il arrive, que l’ouverture en soit trop petite pour permettre une libre issue à la matière, il faut l’agrandir de haut en bas, et faire une incision aussi longue que le foyer est large. On détergera souvent les naseaux avec une éponge humectée d’eau chaude, et l’ulcère, avec la même eau lancée au moyen d’une seringue.

On nettoiera la mangeoire du flux et de la suppuration qui peuvent l’avoir salie.

Si le ventre est peu libre, ce qui est assez ordinaire, on donnera, matin et soir, un lavement émollient ; et l’on ne fera usage de médicamens, qu’autant que la toux subsisteroit. S’il y avoit quelques difficultés, c’est que la gourme seroit ou deviendroit de la nature des espèces suivantes, et alors il faudroit lui appliquer leur traitement en totalité ou en partie.

Gourme avec inflammation excessive. La gourme avec inflammation excessive se manifeste par la tristesse, l’accablement, le dégoût ; par la chaleur extrême de la bouche, la sécheresse de la langue, qui souvent même est engorgée à son frein, et a peine à tenir dans la bouche ; par le gonflement des paupières, par la rougeur de la conjonctive, de la membrane du nez, par la tuméfaction de toute la tête, par la toux, la difficulté de respirer, par le soulèvement des parotides, par la difficulté d’avaler les alimens solides, et même les liquides, et sur-tout par le pouls plein, fort et dur.

Cet état violent s’oppose à l’écoulement par les naseaux et à la formation de l’abcès. Si la tumeur ou le flux se montre, l’animal est soulagé, la toux devient grasse, et on observe que l’abcès et le flux sont toujours en raison inverse l’un de l’autre pour la quantité ; c’est-à-dire que, quand le flux est abondant, la tumeur est petite, et qu’elle est plus grosse quand le flux est moindre : le flux diminue à mesure que la tumeur s’étend et s’abcède. Il peut donc y avoir complication d’angine, d’ophtalmie, de toux, de pleurésie ou de pneumonie, etc.

Traitement. Il s’agit de modérer toutes les forces pour produire la suppuration, qui est la seule terminaison favorable, et de diriger la tendance vers les parties qui sont les voies les plus avantageuses pour l’évacuation. Il faut convenir cependant que le flux nasal est encore plus simple que l’abcès, en ce que c’est une voie excrétoire ordinaire, et qui est aussi plus prompte.

On obtiendra le relâchement général par des saignées faites seulement au degré de produire la souplesse du pouls, par des lavemens émoliens répétés toutes les trois heures.

Les parties enflammées de la tête seront elles-mêmes relâchées par des cataplasmes émolliens, des vapeurs d’eau bouillante ; la bouche et la gorge seront traitées par des gargarismes d’eau d’orge miellée qu’on lancer avec la seringue, et qu’on réitérera souvent. On donnera des opiats composés de miel, de gomme arabique ; on pourra, dans la suite, ajouter aux gargarismes un peu de vinaigre.

Si le larynx est le siège principal de l’inflammation, (Voyez Angine ou Squinancie) il faut se hâter de pratiquer la trachéotomie,

L’inflammation et la tension des parties étant modérées, le flux par les naseaux paroit avec abondance ; la tuméfaction de dessous la ganache se centralise, et la suppuration a lieu le quatrième ou le cinquième jour au plus tard ; on ouvre l’abcès, et on se conforme en tout à ce qui est prescrit précédemment. Cependant si la toux indiquoit que la poitrine participât à cet état inflammatoire, il faudroit ne pas la perdre de vue ; alors on a recours au blanc de baleine, à la gomme arabique, à la racine d’altérer en poudre, de chacun une once, incorporés dans une livre de miel, que l’on fait prendre peu à peu, à différentes reprises, dans le courant de la jour-