Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/128

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née : on continue l’usage de cet opiat jusqu’à ce que la toux ait entièrement cessé.

Mais si elle est grasse et que l’expectoration soit cependant difficile, on a recours à l’opiat suivant : prenez, réglisse en poudre, iris de Florence aussi en poudre, de chacune une once ; fleurs de soufre, demi-once, miel, une livre ; mêlez, et faites prendre peu à peu par le moyen d’une spatule.

S’il existe une amplitude de la poche gutturale, (poche d’Eustache) ce qu’on reconnoît par le soulèvement de la parotide, l’humeur qui remplit cette poche est la matière suppurée qui est le produit de la crise. Ce dépôt étant complet, il faut lui donner issue ; l’opération à exécuter ici demande des lumières et une main habile. C’est l’Hyovertébrotomie. (Voyez ce mot.)

Lorsque les dépôts s’effectuent sur d’autres parties, telles que le garrot, les ars, les fesses, on doit les panser de manière à les conduire à suppuration et à les traiter d’après les principes prescrits pour les abcès qui arrivent sous la ganache. Mais lorsqu’ils s’établissent aux articulations des genoux, des jarrets, des boulets, etc., on doit les traiter par les cataplasmes émolliens, par des bains et des douches de même mature. (Voyez Émollient.)

Cette crise, au surplus, ne doit être regardée comme complète, que lorsque, 1°. toutes les détumescences de la tête, du dessous de la ganache, sont entièrement opérées ; 2°. que la gaité ou l’appétit, et tous les autres signes de santé se manifestent peu à peu, pendant les premiers huit jours qui se sont écoulés depuis la cicatrisation de l’abcès. Mais de tous les signes qui annoncent que la crise est entière, et que le rétablissement de l’animal est assuré, le moins équivoque est celui que l’on tire de l’abondance de la crasse ou de la poussière grasse que la brosse et l’étrille enlèvent journellement de toute la surface du corps. Cette abondance est d’autant plus considérable qu’il y avoit plus long-temps que l’action de la peau étoit suspendue. On voit cette abondance de crasse continuer pendant un mois, et quelquefois plus long-temps.

Gourme avec Cachexie, (Voyez ce mot.) Les symptômes de cette gourme annoncent un organisme foible et incapable d’une crise complète. Les tuméfactions qui se manifestent sont irrégulières, quant à leur siège ; elles s’établissent non seulement sous la ganache, mais aux parotides, aux articulations du genou, du jarret et du boulet ; sont sujettes à des métastases, suppurent lentement, et avec peu d’abondance ; la cicatrice en est très-lente ; elles sont très-disposées à l’induration, accompagnées de langueur, de foiblesse ; les jambes sont engorgées, œdémateuses, au point qu’elles ont peine à se fléchir. Le flux qui a lieu par les naseaux est séreux, dissous, gluant, subsiste longtemps, ne disparoît qu’à la longue, affoiblit le sujet : il est accompagné d’une toux foible qui indique la participation du larynx, de la trachée et du poumon à cette affection catarrheuse. Quelquefois encore il y a tristesse, agitation des flancs, marche pénible, toux fréquente ; il existe aussi souvent des vers dans l’estomac, les intestins, les canaux bilifères, et même dans les bronches.

Cette maladie est très-fâcheuse, sur-tout lorsqu’elle est négligée ou qu’elle est mal traitée, ce qui malheureusement n’est que trop fréquent. Elle exige sur-tout une longue convalescence, et encore laisse-t-elle dans les sujets qui en ont été affectés des traces indélébiles. Quand un ulcère est cicatrisé, il vient ailleurs d’autres tumeurs froides, indolentes, soit dans l’instant, soit quelque temps après : on en voit même qui sont situées profondément, et qui par-là sont encore moins accessibles aux moyens de l’art.

Causes et époques. Cette espèce de gourme attaque les animaux depuis l’âge le plus tendre, même les poulains de lait, et les muletons sous la mère : c’est pourquoi on l’appelle alors gourme de lait. Elle vient de ce que les poulains et les muletons sont dans les pâturages avec leurs mères, se couchent par terre dans des endroits humides, où l’herbe est couverte de rosée. Elle est plus commune dans les printemps très pluvieux, et attaque de préférence les sujets dont les mères ont souffert pendant l’allaitement, ou ceux que l’on a sevrés trop tôt.

La gourme est toujours prématurée quand elle vient avant la chute des premières dents de lait. Les poulains qu’on tient toute l’année dans des pâturages aquatiques, où ils restent pendant presque toute la mauvaise saison ; qu’on nourrit ensuite misérablement sur des terrains où l’herbe est coriace ; puis que l’on vend après les avoir engraissés dans des pâturages abondans ; qu’on change de climat, trop jeunes, pour les mettre trop tôt aux alimens secs, à des travaux au dessus de leurs forces, éprouvent de ces gourmes rebelles, dès qu’on les met trop brusquement du régime sec au régime vert, dès qu’ils viennent à passer du chaud au froid, du repos à un travail immodéré.

Cette crise incomplète peut se manifester de même, soit pendant l’âge où la gourme