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sources ; le sort du petit cultivateur est bien plus digne de la commisération publique ; il avoit semé ses trois ou quatre boisseaux de grains, il soupiroit après la récolte pour avoir de quoi ensemencer, l’automne, son petit héritage, et subsister pendant l’hiver ; et manquant de tout, le voilà menacé, ou de périr de misère ou d’arroser de ses larmes le morceau de pain qu’on voudra bien lui donner, si la bienfaisance éclairée ne vient à son secours. Ce n’est pas de l’argent, c’est du grain pour vivre et pour ses semailles. On pourroit même exercer la charité, en lui prêtant seulement du blé pour semer cette année, à la condition de le rendre à la récolte de l’année suivante, poids pour poids, mesure pour mesure.

On vient d’annoncer dans les journaux un projet d’assurance des récoltes contre le ravage de la grêle ; il s’est formé, dans l’arrondissement de Toulouse, une de ces associations ; elle est naissante, et composée seulement de 326 propriétaires : néanmoins on en a déjà recueilli les plus heureux effets : vingt-deux cultivateurs, dont les récoltes avoient été entièrement dévastées par les orages, ont reçu une indemnité qui répare leurs pertes. Combien il est à désirer que ces institutions s’étendent ! elles peuvent sécher bien des larmes, en offrant le seul moyen de réparer des pertes nécessairement irréparables, et de prévenir la ruine de cent familles, annuellement victimes des fléaux de la nature. (Parmentier.)


GRENOUILLES. Il est des pays où les grenouilles sont en horreur ; d’autres où elles font les délices de la table. Dans le vrai, ces reptiles fournissent un mets agréable, et que la médecine prescrit souvent dans son régime diététique ; on ne mange ordinairement que les cuisses des grenouilles, comme la partie la plus charnue et la plus délicate.

L’automne est la saison où ces animaux sont le plus gras ; mais c’est au printemps, c’est-à-dire à l’époque où ils sortent de leur engourdissement hibernal pour se livrer à la propagation de leur espèce, que l’on a le plus de facilité à les prendre en nombre.

Pêche Des Grenouilles. Une petite truble et un bouloir sont les instrumens les plus en usage pour cette pêche. On se sert encore d’un râteau que l’on traîne sur le fond vaseux d’un ruisseau, en tirant à soi, et avec lequel l’on amène les grenouilles sur le bord.

On les pêche aussi la nuit aux flambeaux. Plus l’obscurité est grande, meilleure est cette pêche, pour laquelle il faut marcher dans l’eau. On voit les grenouilles s’approcher de la lumière, et il est aisé de les prendre à la main ; à mesure que l’on en saisit, on les met dans une espèce de sac attaché à la ceinture, et qui pend entre les jambes du pêcheur. (S.)


GRIVE, genre d’oiseaux de l’ordre des passereaux. (Voyez, au mot Étourneau, les caractères que les ornithologistes ont assignés à cet ordre.)

Caractères génériques. Le bec droit, seulement un peu incliné vers le bout, échancré à l’extrémité de sa pièce supérieure ; les narines en ovale et découvertes dans la plupart des espèces ; la langue légèrement découpée à son bout ; les coins de la bouche garnis de quelques poils dirigés en avant ; quatre doigts, dont trois en avant et un en arrière ; le doigt du milieu joint à celui qui est en dehors, jusqu’à la première phalange.

On connoît en France quatre espèces de grives, savoir :

La grive proprement dite, (turdus musicus Lin.) brune en dessus, tachetée de noir en dessous sur un fond