ont insensiblement dégénéré de leur primitive beauté. Il s’est trouvé néanmoins, dans les États prussiens, plusieurs cultivateurs qui se sont livrés avec beaucoup de succès à l’éducation des mérinos ; de sorte que cette race s’y est assez multipliée pour fournir, avec le temps, aux besoins des manufactures du pays. Le roi de Prusse a fait extraire d’Espagne, en 1802, un troupeau de mérinos ; ce qui va donner une nouvelle extension à l’industrie rurale et manufacturière du pays.
L’impératrice Marie-Thérèse fit l’acquisition, en 1775, de trois cents moutons espagnols qui furent placés dans un établissement public. Mais différentes causes politiques s’opposèrent aux succès de cette première tentative. L’on a fait de nouvelles extractions dans ces derniers temps ; l’une, il y a vingt-quatre ans, et l’autre, en 1802. Les mérinos commencent à se propager dans quelques parties de la domination autrichienne.
On s’est occupé, depuis un certain nombre d’années, de l’amélioration des races, dans plusieurs États de l’Allemagne, en y introduisant celle des mérinos. Ces États sont les margraviats d’Anspach et de Bayreuth, le duché de Wurtemberg, l’électorat de Hanovre, le duché de Brunswick, le Palatinat, la Souabe, Bade, etc.
On avoit introduit en Hollande des mérinos, avant 1789 ; mais les beaux individus qui existent aujourd’hui dans ce pays descendent des animaux qui vinrent d’Espagne à cette dernière époque. Nous avons vu, en Hollande, quelques troupeaux dont la laine est douée de toutes les qualités de celle d’Espagne. Ils se maintiennent en bonne santé dans un pays humide, froid, marécageux, et dont le sol et le climat contrastent si fortement avec celui d’Espagne.
S’il est nécessaire de citer de nouveaux faits, afin de prouver que la race des mérinos s’accommode de tous les sols et de tous les climats, je parlerai de sa naturalisation qui a eu lieu au Cap de Bonne-Espérance. On y a envoyé en 1782 un certain nombre de moutons de l’Estramadure, qui se sont bien acclimatés, et dont les toisons ont plutôt gagné que perdu en finesse. On a déjà fait un convoi de ces laines à Amsterdam, où elles obtiendront indubitablement le même prix que celles d’Espagne.
Quoique les laines de Padoue, et quelques-unes de celles du royaume de Naples, soient recherchées pour la fabrication des draps fins, on a cependant pensé, en Italie, que l’introduction des mérinos offriroit de grands avantages. C’est d’après ces vues que le roi de Sardaigne introduisit dans le Piémont, peu de temps avant la révolution française, un beau troupeau de mérinos. Ces animaux, en se propageant, ont conservé toutes les qualités qui les rendent recommandables.
L’Angleterre qui a beaucoup perfectionné, dans ces derniers temps, les diverses parties de la culture, avoit négligé, jusqu’à ce moment, l’amélioration des races à laine superfine, soit qu’il lui fût plus facile d’alimenter ses manufactures avec les laines d’Espagne, soit que les circonstances n’eussent point dirigé l’attention des cultivateurs vers ce genre d’amélioration. Mais l’exemple de la France a attiré l’attention de l’Angleterre ; cette nation a commencé à reconnoître que le sol et le climat de la Grande-Bretagne ne s’opposoient pas à la naturalisation des mérinos, et que l’éducation de cette race pouvoit avoir une influence avantageuse sur la prospérité de ses fabriques, et dans la balance de son commerce. Les Anglais, qui savent calculer, ont compris qu’il étoit d’une grande importance de rete-