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ruisseaux et les rivières sans courant, les canaux ne recevant plus la quantité d’eau nécessaire, la navigation interrompue, des usines abandonnées, etc., etc. : tels sont, en abrégé, les funestes effets qui se manifesteroient, suivant les localités, si les étangs cessoient d’exister. L’intérêt général et privé commande leur conservation dans toutes les circonstances où ils ne sont pas évidemment nuisibles à la santé des hommes : entreprendre de les dessécher et de les convertir en terres cultivées et permanentes, seroit un projet désastreux, et, je ne crains pas de le dire, une calamité publique. (S.)


ÉTOURDISSEMENT, (Maladie des animaux,) affection momentanée qui se manifeste quelquefois par intervalles, et qui consiste dans un embarras momentané, un trouble subit des organes des sens, et même des organes du mouvement. Cette suspension est rarement accompagnée de la chute de l’animal. (Voyez, Épilepsie.) On s’aperçoit seulement qu’il est égaré, même un instant après que l’attaque est passée ; qu’il a peur, qu’il tremble, qu’il conserve un genre d’ébranlement qui ressemble à la stupeur. Les chevaux affectés de l’étourdissement sont encore sujets à être très-ombrageux et en quelque sorte rétifs. Les animaux jeunes, ardens, de même que ceux qui ont les organes digestifs affoiblis, sont plus sujets à l’étourdissement que d’autres.

Cette maladie se rapporte le plus souvent aux affections gastriques, quelquefois aux affections sanguines, et participe aussi de celles qui sont nerveuses.

Si la maladie est sanguine, la conjonctive, la membrane du nez sont gorgées de sang et plus rouges ; le pouls est plein et embarrassé. L’étourdissement, dans le cheval, est quelquefois accompagné de petites traînées brunes au blanc de l’œil sous la conjonctive, vers la réunion de la sclérotique à la cornée lucide, et suivi de la Fluxion périodique, (Voy. ce mot) de la cataracte, de la mydriase ou paralysie de la rétine, de l’engorgement des glandes de la ganache, etc. Les suites de l’étourdissement, dans le chien, sont quelquefois la surdité dans une ou dans les deux oreilles.

En général les animaux, dans les intervalles de l’étourdissement, ont la transpiration diminuée, les poils sont hérissés et ont perdu leur brillant.

L’étourdissement sanguin cérébral vient de la gêne occasionnée à la circulation, par des colliers trop étroits, par la mauvaise manière d’enrêner les chevaux de trop court ; mais le plus souvent cette affection est due à des embarras des organes digestifs, à la surcharge de l’estomac, et se trouve accompagnée de constipation et de borborygmes fréquens. La saignée, que les maréchaux pratiquent ici sans raison, comme dans bien d’autres cas, arrête ou diminue les symptômes ; mais, en affoiblissant l’animal, elle lui ôte les moyens de force qui sont nécessaires pour rétablir les fonctions de l’estomac et des intestins.

Il vaut mieux donner des purgatifs en breuvages et en lavemens, mais à dose légère et continuée, pour amener par degrés une évacuation douce. On administrera, par exemple, au cheval, deux gros d’aloès et un demi-gros de tartre stibié (tartrite de potasse antimoiné) dans un litre d’infusion de plantes aromatiques, pour un breuvage le matin, qu’on réitérera le soir ; et quatre gros d’aloès dans une décoction d’oseille, pour deux lavemens, l’un le soir, l’autre le matin.

Quand l’évacuation se sera déclarée et aura continué doucement pendant trois ou quatre jours, on donnera un litre d’infusion d’absinthe ou autres plantes amères, et on ne remettra que peu à peu le cheval à sa nourriture et au travail accoutumés.