Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/319

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oiseaux de proie, tant diurnes que nocturnes, fait sa pâture habituelle de tous ces êtres malfaisans. Dans l’ancienne Égypte, les lois civiles, d’accord avec les lois religieuses, avoient imprimé un sceau sacré sur des espèces que leurs appétits rendoient non seulement utiles, mais même nécessaires. Chez nous, on les tue, on les éloigne ; leur tort est de dévorer quelques foibles pièces de gibier ou quelques volailles ; en ceci, comme en mille autres circonstances, l’intérêt le plus léger l’emporte sur l’intérêt le plus pressant ; et l’on ne s’aperçoit pas que les oiseaux de proie, auxquels on reproche des meurtres de peu de conséquence, les expient de reste par la guerre assidue qu’ils font aux ennemis de nos récoltes, dont ils sont, pour ainsi dire, les protecteurs nés, les protecteurs actifs autant que généreux ; car ils périroient plutôt que d’en détacher un brin d’herbe. (S.)


MULTIPLICATION ET AMÉLIORATION DES CHEVAUX. Nos pays, qui fournissoient ordinairement le plus de chevaux, en sont aujourd’hui singulièrement dégarnis. Quelques personnes imputent à la guerre de la révolution notre dénuement actuel, et l’on ne peut contester qu’on n’en ait fait réellement une plus grande consommation : les circonstances pressantes ont fait employer tous les moyens pendant plusieurs années, sans que la sagesse eût bien calculé tous les détails. Mais le pilote entraîné quelque temps par la tempête, une fois échappé de l’orage, consulte sa boussole et reprend sa route. Une nouvelle guerre, quelque mortalité peuvent nous en enlever encore : il est de même constant qu’on a dérogé à l’habitude de soigner autant les formes des poulains. Notre mal vient toujours de ce que nous n’avons point de système de réparation en activité.

Ainsi, quand la cause d’une plus grande destruction des chevaux a cessé, peut-être la seule calamité ruineuse qui nous resteroit à craindre, seroit que l’administration publique s’en tînt à une espèce d’indifférence qui empêcheroit d’en faire naître.

Au contraire, avec un bon plan, on aura des chevaux pour tous les usages ; et quand il surviendra quelque malheur, ou qu’il se trouvera quelque nécessité d’en faire une consommation extraordinaire, des mesures bien calculées, un bon système, répareront nos pertes, entretiendront en cela notre puissance, et nous permettront d’être toujours redoutables.

L’amélioration et la multiplication des chevaux sont désirables, relativement à la puissance de l’État, relativement au commerce et à l’agriculture ; elles sont possibles avec du choix, de l’ordre et de la patience ; elles sont certaines et doivent être perpétuelles, si, outre ce que pourra faire l’administration publique, on charge la légion d’honneur de donner des exemples pour atteindre ce but : tels sont les motifs et le plan de notre travail. Nous présentons aussi un projet économique pour encourager les haras, et nous en calculons les dépenses et l’efficacité. Nous avons tâché que la précision et l’ordre nous fissent pardonner de ne pas rapporter plus de détails.


CHAPITRE PREMIER.

Importance de l’amélioration et de la multiplication des chevaux.

§. Ier. Elles sont désirables relativement à la puissance de l’État.

Le relevé des registres des douanes porte le nombre des chevaux étrangers entrés en France, pour l’an 4, à 5,265, estimés 1,574,000 fr.

La loi du 24 nivose an 5 n’ayant imposé les che-