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dans la perfection de l’organisation. Cet objet embrasse les qualités physiques et morales des animaux, la connoissance des moyens qui ont sur eux des influences favorables ou contraires, et l’estimation du degré de puissance de ces moyens divers ; ce qui est relatif aux climats, aux alimens, aux tempéramens, aux âges, à la dentition difficile, aux sexes, aux travaux, aux qualités qui se transmettent aux descendans, soit en bien, soit en mal, et aux moyens de les modifier.

Il est vrai qu’à travers les pratiques bisarres, parmi la foule des animaux sans qualités qu’on ne produit pas au grand jour, on voit sortir par intervalles quelques animaux excellens, qui font beaucoup de bruit ; mais il n’est pas moins certain que si l’on agit sans méthode, la plupart des animaux se trouvent manqués, et que pour en obtenir promptement beaucoup de bons et beaux, on ne pourra jamais réunir trop de connoissances positives, et que l’efficacité des mesures dépendra toujours de la sagesse du plan, et de la perfection de la science qui aura dirigé les soins.

L’impuissance de l’industrie particulière, abandonnée à elle-même, n’est bien sentie que par les personnes instruites qui ont parcouru ou habité les pays d’élèves, et qui ont vu l’ignorance admirer et renouveler ses fautes. Il faut avoir vu de près le vulgaire des nourrisseurs, pour savoir combien il est loin de saisir les véritables points d’utilité, soit la préférence qu’il donne à des frivolités sur des choses importantes, soit par les bonnes choses qu’il omet, ou par les choses déraisonnables qu’il pratique ; que les chevaux, chez les consommateurs, sont victimes de beaucoup de défectuosités qui ne sont dues qu’à l’ignorance des nourrisseurs, ou qu’à l’insuffisance de l’industrie particulière. Il faut que les lumières dirigent le goût : il faut aussi dans le cheval, pour ainsi dire, une vérité de formes, une proportion, un rapport des parties, tant pour les fonctions de l’animal en lui-même, que relativement à son usage pour nos différens besoins : dans cet objet, comme dans les autres, la perfection du goût vient de la perfection des lumières. (Voyez Bonté, Beauté.)


CHAPITRE V.

Nombre d’étalons et de jumens nécessaire en France.

Le nombre de chevaux qu’il est nécessaire de faire naître en France, doit être en proportion de l’emploi et de la consommation qu’on en fait. Nous allons tâcher d’obtenir un apperçu de ce nombre, par les calculs suivans :

1°. Emploi.

Nous comptons qu’on emploie pour l’agriculture, dans vingt-cinq mille communes agricoles, terme moyen, trente chevaux par commune, ci 750,000 ch.
Pour le roulage 100,000
Pour les diligences de terre et les coches d’eau 150,000
Pour la poste 70,000
Pour le luxe 100,000
Dans les troupes 80,000
Pour les fiacres, etc., et les manufactures des principales villes 200,000

Total 1,500,000

Peut-être ce nombre approche-t-il de deux millions.

2°. Défaut de conception et mortalité. Les saillies qui ne sont pas fécondantes, tous les chevaux qui meurent naturellement, ou qu’on sacrifie parce qu’ils deviennent incapables de servir, peuvent s’élever, par an, à un dixième, terme moyen, entre les divers emplois, en y