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jointe au peu de durée des arbres greffés sur coignassier, doit engager tout propriétaire éclairé, qui dirige une pépinière pour son usage, à restreindre ces derniers à un moindre nombre.

Il en est de même des arbres en plein vent qu’on a l’intention de placer au milieu des champs, sur les berges des fossés, etc., et qu’on greffe ordinairement sur franc. Ils durent bien plus long-temps, et fournissent une plus grande abondance de fruits, lorsqu’ils ont été greffés sur des sauvageons auxquels on a conservé leur pivot.

La culture du coignassier, comme arbre à fruit, ne diffère pas de celle du poirier : on le laisse ordinairement croître en plein vent ; on le greffe avec la variété qu’on appelle de Portugal, dont le fruit est beaucoup plus gros, plus doux et plus odorant.

On multiplie, en général, dans les pépinières, tous les arbres à noyaux par le semis de leurs noyaux. Il en est quelques uns qu’on peut se procurer de rejetons ou de marcottes, principalement le cerisier et le prunier ; mais les sujets qu’on obtient ainsi sont inférieurs aux premiers.

Les graines des fruits à noyaux sont toutes du nombre de celles qui contiennent une huile susceptible de rancir, et par conséquent elles perdent promptement leur faculté germinative, si on n’empêche pas cette rancidité de se développer. Les pépiniéristes doivent donc, aussitôt que les fruits qui les renferment sont indiqués être à leur dernier degré de maturité par leur chute de l’arbre, ou les semer, ou employer les moyens propres à les conserver frais jusqu’au printemps suivant. Ces moyens sont, ou de les mettre dans une cave humide, ou de les stratifier avec de la terre ou du sable dans des pots ou dans des caisses qu’on laisse exposés à l’air, ou de les enfouir dans des fosses creusées dans un terrain sec.

Souvent on fait tremper ces graines dans l’eau, et même on les fait germer avant de les mettre en terre, afin d’assurer leur réussite, en diminuant l’espace de temps où elles auroient à craindre les atteintes des gelées et des rats. Quelques pépiniéristes emploient cette méthode, moins pour les motifs ci-dessus, que dans l’intention de pincer l’extrémité de la radicule, et d’empêcher par là la formation d’un pivot, tant ils ont de haine pour les indications de la nature. J’ai déjà développé mon opinion sur ce sujet, mais je répète ici que si on peut ôter sans inconvénient le pivot à un pécher qui doit former un espalier, on ne l’ôtera jamais impunément a un cerisier destiné à être planté au milieu d’une plaine, battu par les vents d’un bout de l’année à l’autre.

Les noyaux étant presque tous d’une grosseur notabble peuvent être semés facilement à la main, et espacés de manière à ce qu’il ne soit pas besoin de relever le plant qu’il produiront, avant l’époque où il doit être mis en place, c’est-à-dire à deux pieds ; mais ce moyen, quelque avantageux qu’il soit, est rarement employé dans les pépinières, à raison de la perte de terrain qu’il occasionne.

Il arrive très-souvent que ces noyaux, surtout lorsqu’ils n’ont pas été conservés avec les précautions indiquées plus haut, qu’ils ont eu le temps de se dessécher par leur exposition à l’air, ne lèvent que la seconde année, alors il faut savoir les attendre ; car, à moins de les relever pour les placer sur couche, il n’y a pus de moyen d’accélérer leur germination. Cette circonstance seule doit déterminer tous les pépiniéristes à ne mettre leurs noyaux en terre que lorsqu’ils sont germés, puisque c’est le seul cas où ils puissent être assurés de jouir de leur produit dans l’année même.

La connoissance particulière la plus importante à acquérir, pour un pépiniériste qui veut se livrer à la culture des arbres à fruits à noyaux, c’est celle des espèces sur lesquelles il est plus avantageux de greffer les autres, car les cinq genres actuellement reconnus par les botanistes comme par les jardiniers n’en font réellement qu’un dans la nature, et peuvent se suppléer, pour cette opération, presque dans tous les cas.

En général, ccomme le prunier est le plus facile à se procurer par rejetons ou par semis, comme l’amandier est le plus tôt propre à recevoir la greffe, ce sont ces deux arbres que l’on préfère d’employer dans les pépinières pour greffer, non seulement leurs variétés, mais encore celles de l’abricotier et du pêcher. Il est très-rare, en conséquence, qu’on y sème des noyaux de ces deux derniers arbres. Ou trouvera aux mots Prunier, Amandier, Abricotier et Pêcher, les indications nécessaires pour se guider dans le choix des sujets.

Le cerisier est, parmi les arbres à fruits à noyaux, celui dont la culture est la plus rustique, parce qu’on ne l’emploie guères qu’en plein vent, étant rebelle à la taille. (Voyez le mot Cerisier.) On se procure les sujets sur lesquels on le greffe en semant les noyaux des cerisiers cultivés, et encore mieux ceux