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Les plants levés n’ont besoin que d’être sarclés et arrosés dans les grandes sécheresses de l’été et après l’hiver ; lorsque leur végétation commence à se développer, on les enlève pour les repiquer dans une même exposition et dans une même nature de terrain, mais dans une autre place, à la distance de quatre ou six pouces, selon leur force.

Quelques pépiniéristes lèvent leur plant presqu’aussitôt qu’il est sorti de terre, et prétendent que sa réussite en est plus assurée ; mais il semble que cette pratique doit être réservée pour des cas rares, par exemple, lorsque des courtilières menacent son existence ; car à quoi bon avoir semé dans un local où on ne veut pas conserver le produit plus de huit à dix jours ?

Le plant repiqué est biné deux à trois fois chaque année, et même arrosé, si la prolongation de la sécheresse pendant l’été l’exige, et, au bout de deux ans, il est encore changé de place ; mais alors il a acquis assez de force pour pouvoir être planté au soleil et dans toute espèce de terre. On l’espace, dans ce cas, de deux à trois pieds.

La transplantation des arbres verts réussit rarement, quand elle est faite à une autre époque que celle où la sève commence à entrer en mouvement, c’est-à-dire au printemps ou à la fin de l’été, à moins qu’on ne les enlève avec la motte de terre qui les entoure. Plus que celle d’aucune autre espèce d’arbres, elle a besoin d’être faite avec les précautions requises. Une seule maîtresse racine cassée, ou le chevelu mis en terre dans une position forcée, suffit pour empêcher la reprise du pied le plus vigoureux. Ces racines craignent également le hâle, et quelques heures d’exposition à un air sec les frappe immanquablement de mort. Aussi, lorsqu’on veut transporter du plant pris dans une pépinière, faut-il avoir soin de se pourvoir de pots ou de paniers dans lesquels on puisse les mettre avec leur motte, ou, lorsque cette motte s’est brisée, plonger à plusieurs reprises leurs racines dans une boue faite avec une partie de terre franche, deux de bouse de vache et une d’eau.

Non seulement on ne doit couper aucunes racines aux arbres verts, mais encore aucunes branches ; car, à quelque époque de leur vie que ce soit, la serpette ne les touche pas sans inconvéniens. Ils veulent rester libres de se développer selon le vœu de la nature ; et certes, quand on compare leurs belles tiges, leurs nobles têtes, à celles des autres arbres que l’homme a soumis à ses caprices, on ne peut qu’applaudir à leur résistance.

Les arbres verts restent dans le local où ils ont été plantés en dernier, jusqu’à l’époque où ils sortent de la pépinière, époque qui ne peut pas s’étendre au delà de quatre ans, sans faire craindre qu’ils ne reprennent pas. L’âge le plus favorable est quatre, cinq et six ans, lorsqu’on veut jouir d’abord ; mais, quand on ne plante pas pour le moment, il est en général, plus sûr de mettre ces arbres en place, en sortant du premier ou du second repiquage, c’est-à-dire à deux ou trois ans.

Cette difficulté de la reprise des arbres verts détermine beaucoup de pépiniéristes à les repiquer dans des pots, au moyen de quoi on peut les transporter et les planter avec succès, à toutes les époques de l’année ; mais, comme ils craignent beaucoup la sécheresse, ainsi qu’il a déjà été dit, on risque de les perdre par un oubli de les arroser. Pour obvier à ce dernier inconvénient, on a proposé de les repiquer dans de petits pots que l’on enterreroit de manière que leur bord fût à trois ou quatre pouces de la surface du sol ; leurs racines, après avoir tourné autour du pot, en sortiroient et s’enfonceroient dans la terre, de manière que lorqu’on les arracheroit, il y auroit toujours une portion de ces racines dans la terre, et il suffiroit de fêler le pot, à la transplantation, pour le faire ensuite éclater par le seul effet de l’accroissement de la portion de racines qui est restée dans son intérieur. Des faits qui me sont personnels militent en faveur de cette méthode.

La voie des semis est presque la seule par laquelle on multiplie les arbres verts : cependant il en est quelques uns, tels que le pin du Canada, appelé meloch-spruce par les Anglais ; le cyprès de la Louisiane, les thuyas, l’if, etc., qui reprennent assez bien de bouture, lorsqu’on les fait en temps convenable et dans une terre propice, c’est-à-dire lorsqu’ils entrent en végétation, et dans une terre ombragée et médiocrement humide. D’autres, tels que le genévrier de Phénicie, le pin de Weymouth, le cèdre du Liban, le baumier, etc., peuvent, au milieu du cours de leur sève, être greffés sur des espèces plus communes de leur genre. Cette greffe se fait en écusson, lorsque les bourgeons sont en pleine activité de végétation, et exige qu’on empêche l’affluence de la résine sur l’œil, par l’enlèvement d’un segment de l’écorce au dessus de lui. (Voyez au mot Greffe.)

Observations Générales. Les arbres, dans les pépinières, sont sujets aux mêmes maladies que lorsqu’ils en sont dehors ; mais ces maladies sont plus dangereuses, parce qu’elles s’exercent