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sur des sujets qui ne jouissent pas encore de toute leur force de résistance. On en trouvera l’énumération au mot Maladie des arbres.

Mais il en est une qui y est rendue très commune par les pépiniéristes eux-mêmes, et dont je voudrois dire un mot ici. Ce sont les plaies produites par un instrument tranchant, pour accélérer la guérison desquelles on a indiqué une grande quantité de recettes, toutes plus compliquées les unes que les autres. Le vrai est que les plaies des arbres, comme celles des animaux, n’ont besoin, pour se cicatriser promptement, que d’être privées du contact de l’air. En conséquence, un emplâtre de bouse de vache, mêlée d’un tiers d’argile, c’est-à-dire ce qu’on appelle vulgairement l’onguent de St-Fiacre, est réellement ce qui convient le mieux dans tous les cas où l’on doit craindre la dépense ; et un composé d’un tiers d’argile desséchée et tamisée, d’un tiers de suif et d’un tiers de cire, est ce qu’on doit préférer, lorsqu’on n’est pas gêné par ce motif. Ce dernier doit être appliqué chaud, mais pas cependant brûlant, et tous deux font d’autant plus d’effet qu’il s’est passé moins de temps entre l’époque où la plaie a été produite et celle où l’on en fait usage.

J’ai observé que lorsqu’on enlevoit, avant la sève d’automne, au moyen d’un instrument bien tranchant, la surface du bord du bourrelet qui se forme toujours autour de la plaie d’un arbre bien portant, on accéléroit beaucoup le moment de la fermeture de cette plaie : la sève n’ayant plus à vaincre la résistance de l’écorce, déborde pour ainsi dire. Ce cas est le même que celui où l’on fend l’écorce d’un arbre longitudinalement, pour le faire croître plus promptement en grosseur.

Les insectes qui attaquent les arbres dans les pépinières sont les mêmes que ceux qui leur nuisent dans les bois ou dans les jardins, et les moyens de les en garantir sont absolument semblables ; mais il en est quelques uns dont les ravages se font bien cruellement sentir dans les pépinières, et dont, en conséquence, je dois parler spécialement.

Le premier est la courtilière (acheta grillotalpa Fab.) qui, pendant le printemps et l’été, laboure en tous sens les semis, coupe tous les plants qui se trouvent sur son passage, et cause des dégâts immenses, sur-tout dans les pépinières d’agrément.

Cet insecte est Carnivore : ainsi ce n’est point pour manger les racines du jeune plant, comme on le croit communément, qu’il le détruit, c’est pour courir après les vers de terre, les larves de hannetons, et autres insectes dont il se nourrit. Ce fait, je l’ai vérifié.

On trouve les courtilières principalement dans les pépinières dont le sol est meuble et un peu humide ; elles ne se voient presque jamais dans les terres argileuses, ou trop pierreuses, ou trop sablonneuses. La terre de bruyère en est exempte sur la montagne ; mais, dès qu’elle est apportée dans le jardin et régulièrement arrosée, elle s’y multiplie rapidement, au grand désespoir du cultivateur.

Ordinairement on enterre dans les pépinières des pots vernissés, à moitié pleins d’eau, de distance en distance, afin que les courtilières, qui voyagent pendant la nuit, puissent y tomber et s’y noyer. (Ces mêmes pots servent également à prendre les mulots qui dévastent aussi les semis.) Mais, comme ce moyen ne suffit pas, il faut le faire concourir avec d’autres, tels que de verser dans leurs trous, dès le commencement du printemps, de l’eau chargée d’huile qui, bouchant leurs stigmates, les font périr d’asphixie ; de suivre leurs galeries pendant la ponte, en prairial et messidor, jusqu’à ce qu’on trouve leur nid qu’on enlève ; d’accumuler du fumier, ou mieux du crottin de cheval dans des fosses, au commencement de l’hiver, afin que sa chaleur les y attire et qu’on puisse les tuer.

De tous ces moyens, le second est sans doute le meilleur, en ce qu’on détruit en un instant une génération entière ; mais il est le plus difficile à mettre à exécution. Un pépiniériste attentif pourra cependant, en donnant à ses ouvriers une petite gratification par chaque nid qu’ils auront découvert et enlevé, pendant le temps qu’il leur accorde pour le déjeuner, espérer de diminuer le nombre de ces animaux, pour n’être plus obligé à la même dépense l’année suivante. C’est ainsi que l’estimable cultivateur Feburier est parvenu à les détruire dans les belles plantations de renoncules, de tulipes, de jacinthes, etc., qu’il fait annuellement à Versailles, et qu’on va y admirer dans la saison.

Après la courtilière, c’est ce que les jardiniers appellent le ver blanc, c’est-à-dire la larve du hanneton, (melolonta vulgaris Fab.) qu’on a le plus à redouter dans les pépinières. Cet ennemi s’attache de préférence au jeune plant, pendant les deux ou trois premières années de sa transplantation, et en fait périr des quantités considérables. Celui-ci vit bien certainement aux dépens des racines qu’il attaque. Il se trouve principalement dans les terres meubles ou légères. Il craint la trop grande