Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/425

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du soir. Lorsqu’on occupe une habitation qui donne sur les champs, une perdrix privée, placée aux fenêtres ou dans le jardin, attire souvent les mâles autour d’elle.

Cependant, il en est de vieux et rusés qui ne se fient point à ces chanteuses en cage ; c’est pour ceux-là sur-tout, et aussi pour les autres, que le possesseur d’une chanterelle, extrêmement douce et privée, peut employer un moyen qui surmonte toutes les méfiances. Ce moyen consiste à enchaîner par le corps sa chanterelle avec un petit harnois de rubans cousus, qui passent sous les ailes et en devant de la poitrine, et viennent s’attacher sur le dos ; là, ils se réunissent à un petit anneau de fer ou de cuivre, dans lequel on passe une petite corde. Au bout de cette ficelle est un second anneau, engagé dans une seconde corde un peu longue, tendue entre deux piquets. On conçoit que la perdrix va, vient, et se promène le long de cette corde, et paroît en liberté ; il n’est point de mâle qui alors ne l’approche, et ne vienne même la cocher si on le laisse faire. Vers les deux extrémités de la corde tendue, et sur laquelle glisse l’anneau qui sert de guide à la marche de la perdrix, on pratique, à une distance convenable, quelques obstacles, tels que deux gros nœuds qui empêchent l’anneau de glisser jusque contre les piquets, autour desquels la perdrix ne manqueroit pas de s’embarrasser en tournant. Si l’on n’a point de chanterelle, on peut encore tendre les halliers avec fruit, lorsque plusieurs personnes se réunissent pour rabattre le gibier et le pousser vers les filets, en le cernant de loin, et marchant sur lui avec précaution. Un bon chien est utile, dans cette circonstance, pour découvrir et rabattre les perdrix.

La tonnelle est une autre espèce de filet, employé spécialement pour ce gibier, et qui consiste principalement en une longue poche ou verte, dans laquelle on le force à se jeter. Cette poche ou sac a quinze pieds de long ou de queue ; sa gueule ou ouverture a environ dix-huit pouces de diamètre ; le fil qu’on y emploie est retors en trois brins, grosseur de fil de Bretagne, teint en vert ou en brun ; la largeur des mailles est de dix-huit à vingt-quatre lignes. Il y a environ trente mailles à la levure : la levure faite, on maille comme pour faire un filet rond et fermé. (Voyez l’article Filets.) On rapetisse d’environ six rangs en six rangs ; à la pointe du sac, le filet ne doit plus avoir que cinq à six pouces de diamètre. Pour le tenir ouvert circulairement, on passe à sa gueule, et de distance en distance, de petites baguettes de bois souple et pliant, que l’on courbe en cercle et assujettit, en les nouant à leurs extrémités, et sur les mailles du filet, dans lesquelles on les fait glisser. À cette même ouverture, on attache deux piquets, qui, enfoncés dans terre, tiennent l’entrée du sac tendue, droite ou verticalement. Cette tonnelle se pose dans les pièces de grains, entre deux sillons : pour tenir sa queue allongée, on y attache un troisième piquet, qui la fait tendre. Aux deux côtes de l’ouverture, on attache deux halliers simples, d’un pied au moins de haut, qui, se prolongeant obliquement comme deux cornes, à travers les sillons, présentent une sorte de haie au gibier qui suit ces mêmes sillons, et qui, forcé de biaiser le long de ces filets pour continuer sa marche, arrive enfin à l’embouchure de la tonnelle, où on le force à se jeter. Plus ces halliers sont longs, mieux ils servent, arrêtant ainsi sur un plus grand espace tout ce qui vient à eux : la forme de leurs mailles est indifférente. À défaut de toiles, on les prolonge avec de simples ficelles, garnies de branchages, ou même de bouquets de plumes, et tendues sur des piquets. Pour se ser-